Premier album d'un groupe qui deviendra culte quelques années plus tard, l'éponyme The White Stripes a une patte qui le rend unique dans la discographie du groupe, et plus largement dans celle de Mr White (Jack, pas Walter).
On a là un disque dans la pure tradition du rock garage. Le son y est sale, saturé, gras. La voix de Jack est aiguë, criarde, loin d'être mélodieuse. Le tout est sobre, sans fioriture, on entend les sons tels qu'ils sont sortis des instruments. Du rock'n roll à l'état brut. Violent. Sec. Incisif. Jouissif ?
Les compositions, de guitare ou de batterie, sont épurées, réduites à leur plus simple appareil, sans volonté d'en faire des tonnes. Et c'est finalement ce que j'aime le plus dans cet album. Cette sobriété c'est sa patte, sa force, son énergie purement et simplement rock.
Jack White (batteur de formation) qui était à l'époque loin d'être le guitariste qu'il est aujourd'hui, compose un riff de guitare par morceau. Ils sont simplistes musicalement, réduits à quelques notes, mais terriblement ingénieux et efficaces. Pas besoin de solos endiablés dans cet album pour rayonner. Le simple talent de composition suffit. Les riffs se reconnaissent très vite après quelques écoutes, ils dégagent une vraie énergie, donnent envie de sauter partout, d'headbanger n'importe comment, brefs, ils sont géniaux.
Pour ma part, dès les premières notes de Cannon, Screwdriver, Astro, The Big Three Killed My Baby, When I Hear My name, Slicker Drips et j'en passe, je suis comme fou car je sais que je vais vivre un moment de rock jouissif.
La voix de Jack est tellement particulière qu'elle confère une identité supplémentaire à l'album. Sa manière de chanter donne beaucoup d'intensités aux tracks les plus rocks, et sait très bien se poser dans les plus calmes.
La force de ces morceaux, c'est que leur simplicité musicale apparente en font des morceaux Live extraordinaires. La plupart des tracks de l'album sont sublimées une fois sur scène, car c'est là que l'intensité musicale est à son paroxysme, ça a été pensé pour.
Les morceaux sont très courts, la plupart ne dépasse pas les 2 minutes 30. Ils s'enchaînent rapidement, on passe vite d'un riff à l'autre, d'une énergie à une autre, toujours avec la même force. Les 17 morceaux ne durent en tout que 43 minutes.
Mais le tout n'est pas lassant, car les tracks sont suffisamment différentes pour nous porter tout l'album. Quelques morceaux plus calmes (Suzy Lee, Do, One More Cup of Coffee, I fought Piranhas) ponctuent le disque et y trouve tout à fait leur place.
Mais certains morceaux se ressemblent, et ils s'enchaînent parfois tellement vite qu'il est difficile d'associer un nom à certaines tracks lors des premières écoutes. L'album peut apparaître légèrement répétitif car les sons sont forcément proches du fait qu'ils sont réduit à la simplicité : guitare saturée + batterie nerveuse. Mais à mes yeux, il n'en est rien, ou du moins cela ne me gêne absolument pas.
Au final, "The White Stripes" n'est peut-être pas un album parfait, sa simplicité est sa force mais peut également lui faire du tort car on serait tenté d'en vouloir plus. Cependant, il est parfait dans ce qu'il entreprend : il nous fait vivre un moment rock de qualité, que pour ma part je qualifierai d'énormissime. Quand j'écoute cet album, je vibre beaucoup plus qu'avec la plupart des autres albums du groupe. J'adore son intensité, j'adore le rythme des tracks, j'adore sa puissance, j'adore son identité, et en fait je l'adore tellement que je ne peux pas lui mettre moins que cette note.
Je trouve que "The White Stripes" a bien fait d'être un album éponyme. Si cela peut paraître simpliste de donner le nom de son groupe à son premier album, je trouve que rétrospectivement ce choix était une très bonne idée. On ne saurait bien sûr pas résumer The White Stripes à cet album tant le groupe a su évoluer avec les années, grandir avec sa musique, s'enrichir de milles et une manière pour nous donner encore cinq albums brillants. Mais quand je pense à ce groupe, je pense avant tout à du rock'n roll énergique, à des riffs composés intelligemment, à une force qu'on ne retrouve que trop rarement. Et cet album incarne très bien cet esprit. C'est dans ce rock garage qu'est né ce groupe mythique, et c'est toute la musique de Jack White qui en sera imprégnée.