Dernièrement, on reparle (un peu) de Moby dans la presse. Chez nous, il a même eu le droit à son article des Inrocks ! En même temps, à partir du moment où te positionnes clairement contre Trump, c'est presque comme si tu faisais partie de la famille. On nous présente le nouveau Moby comme un artiste engagé, chose qu'il a toujours été, vegan bien avant la mode. Mais ce que nous apprend ses pages Facebook/Twitter, c'est aussi qu'il est très en colère en ce moment. Et ça tombe bien, c'est le sujet de son dernier album : "These Systems Are Failing". (Et on ne va pas lui donner tort).
Entre celui-ci et le précédent, musicalement, il n'a pas chômé comme à son habitude, entre auto-biographie, remixes et longs (très longs) morceaux ambients (voire sur sa page Youtube). Mais il y a un an apparaissait également sur la toile "The Light is Clear in My Eyes" sous le nom de projet Moby and The Pacific Choir. Si beaucoup ont pu s'étonner du virage violent pris par l'extraterrestre à lunettes, loin de ses tracks inspirantes et mélancoliques, ils n'ont sans doute jamais jeter une oreille sur ses premières œuvres punk, ni sur ses œuvres techno des années 90. On se retrouve nettement entre ces deux eaux là sur ce treizième album possédé.
Rythmé par une boite à rythme (TR-909) survoltée et saturée, Moby crache sa rage contenue depuis trop longtemps sur neuf pistes faites de grattes aggressives entrelacées de synthés sur-vitaminés. De "Hey, Hey" à "And It Hurts", on aura rarement le temps de reprendre son souffle. Ici, plus le temps à la contemplation, à la méditation... il ne faut surtout pas qu'on puisse se questionner sur la saveur de la chose, le vacarme te tuera. La sauce attenant son apogée sur "Erupt and Matter" et mon petit pêché se trouvera sur la piste suivante "Are You Lost In The World Like Me" (non, non, rien à voir avec ligne de synthé qui sonne 80 !)
Alors oui, beaucoup n'aimeront pas, qu'ils soient fans ou non du bonhomme, pourront trouver la musique grossière, insipide, dépassée... tout ce que vous voulez. D'autres noteront qu'une colère punk sur métronome d'ordinateur, ça sonne pas forcément vrai... Et d'autres comme moi prendront encore une fois leur pied ; à 51 piges, mon idole de jeunesse arrive encore à me surprendre, n'ayant rien perdu de son énergie. Et, je ne suis sans doute pas objectif, mais depuis que je l'ai découvert avec 1999, il n'a pas sorti d'albums véritablement mauvais !
Donc même si tu m'énerves pour certaines de tes prises de positions politiques Moby, je continuerais à apprécier tout de même ton œuvre, surtout si ce militantisme acharné donne des choses comme ce "These Systems Are Failing", turbulent et anarchique.
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