Exercice hautement périlleux que de réaliser un album-tribute d'un groupe aussi culte que le Velvet Underground. Il fallait s'attendre à ce que Rodolphe Burger nous fasse le coup un jour ou l'autre. Voilà donc qui est fait. Et très bien fait, même. On est d'emblée saisie par la richesse et le soin apporté au son qui apporte une coloration et une densité toute nouvelle aux morceaux. Le style du guitariste strasbourgeois, lui, est toujours là: riffs amples et profonds, obsédants et vénéneux. Du vrai rock, donc. Quand aux choix des titres, Burger n'a pas cédé à la facilité. Pas moins de 4 extraits du tout premier albums (celui de la banane d'Andy Warhol) et seulement 2 ( Rock and Roll et Sweet Jane) de "Loaded", l'album le plus "pop" du Velvet. Un parti pris, donc. Conservé l'esprit originel de morceaux comme "Sister Ray" ou "Venus in fur" en 2012 n'est pas chose aisée, quoi qu'on en dise... En fait, Rodolphe Burger ne se contente pas de réinterpréter les chansons, il les réinvente. Sa version de "Sunday Morning" est tout à fait originale avec une ambiance plutôt electro/pop au début puis des riffs plus rocks qui viennent s'immiscer progressivement. C'est somme toute un bon résumé de son univers musical: "i was groovin' without motion, in your heartless circulation", comme il chantait au tout début de sa carrière. On n'oubliera pas non plus la cerise sur le gâteau en toute fin d'album avec "Das Lied Vom Einsamen Madchen" (de Nico) qui est une authentique perle à découvrir absolument. Bref, cet album-borne sera incontestablement une étape essentielle dans la carrière de Rodolphe Burger. Quand à moi je me met à rêver d'un concert Burger/Reed. Peut-être pas si insensé que çà: l'alsacien sera sur scène à New-York cet automne. Alors...