His 'N Hers était l'album de l'adolescence naïve et vaine, celui des petites histoires de sentiments et de fesses sans réelle importance, de la tromperie, de la manipulation, bref de l'émergence de petits salauds égoïstes et assoiffés de reconnaissance que nous sommes tous. Different Class était l'album du passage à l'ère adulte, de la rébellion inutile, de la lutte perdue d'avance contre la vacuité de l'existence, et donc de la frustration permanente. This Is Hardcore conclue de manière magnifique ce triptyque en étant simplement celui de la vieillesse et des regrets sur sa propre vie ratée.
Bref, This Is Hardcore est l'album du "I could be a genius if I just put my mind to it" et du "I wish I could be an example", celui où on se rappelle qu'on a un fils, mais bon, on l'a abandonné et on a trompé sa mère. Mais c'est toujours cool d'essayer de revenir pour lui donner des leçons. Celui où on se rappelle qu'on a eu une jolie copine qui avait besoin d'affection, mais bon, c'était juste pour se la péter qu'on l'avait prise hein. Evidemment c'est quand même toujours cool de revenir pour s'excuser de l'avoir abandonnée, mais t'inquiète, ça va s'arranger, garde espoir, tu te remettras bien toute seule de tout ça. Parce que sache que je peux rien faire pour toi, déconnons pas non plus.
Il s'agit de l'album rappelant nos "Glory Days" bien à nous, ceux qu'on a passé tout seul à se morfondre comme un imbécile, ou alors vautré devant la télé, ou alors cuité à une soirée, ou en train d'écrire quelques critiques d'albums dans le vent sur un site quelconque dans l'espoir assez fou d'être lu.
Il s'agit de l'album abordant des thèmes religieux et existentiels, rappelant notamment qu'on est pas Jésus Christ, qu'on est pas exceptionnel, quoiqu'on fasse, et puis qu'on arrive pas à changer l'eau en vin, mais de toute manière même si c'était le cas, ce serait vachement moins pratique pour faire la vaisselle.
Ceci est album contenant la sublimation ultime, en chanson éponyme, de l'acte sexuel et de la perversion comme un spectacle filmé sans fin, à la ligne scénaristique usée, sur-usée et clichée.
Enfin, il te rappelle qu'après cette vie de merde, tu risques bien de crever un jour.
Si jamais la musique n'était pas de la putain de pop édulcorée, colorée et pétillante, je classerais bien ce disque parmi les plus déprimants jamais enregistrés.