Après un "Weather Diaries" contenant du bon et parfois du très discutable (dommage pour un album du retour des grands de la dream pop/shoegaze), RIDE nous affublent d'une oeuvre parfaitement maîtrisée.
Trois singles dont le tubesque "Future Love" , le new wave "Repetition", et la ballade céleste "Clouds of Saint Marie" donnaient déjà un avant goût de l'album : un éclectisme d'avance annoncé.
Les morceaux déjà sortis prennent ici tout leur sens dans la continuité de la galette. On sent l'envie des britanniques de prouver bel et bien qu'ils sont une pierre angulaire du rock indépendant anglais. La composition est finement amenée, la production se veut moderne, tout comme l'approche de l'atmosphère générale des morceaux.
L'album ne laisse pas place à l'ennui face au rageur "Killswitch", à la simplicité éthérée et mélancolique d' "Eternal Recurrence" ou encore à la ballade cosmique "In This Room", clôturant l'album avec grâce.
Dans "Fifteen Minutes", le guitariste qui est passé chez Oasis dans les années 2000 en tant que bassiste prend le risque de jouer du vibrato dans la veine du My Bloody Valentine pré Loveless.
This Is not A Safe Place se veut donc à la fois déroutant et parfois aussi résolument classique, difficile de ne pas tomber sous le charme dès la première écoute.
C'est un album ancré dans son temps sans oublier les clins d'oeil au passé.
Andy Bell et Mark Gardener ne renient pas la nouvelle génération avec des inspirations (dont ces dernières s'inspirent finalement de RIDE eux mêmes, le serpent se mord la queue) qui tendent vers Beach Fossils, Diiv, LSD and the Search For God etc...
En terme d'approche sonore des guitares, les sons sont travaillés, bien plus que sur le dernier album, et avec plus de goût et aussi de prise de risque. On pouvait leur reprocher d'avoir perdu leur mur de son il y a trois ans, il est ici prédominant, et il faut le noter, ne couvre pas la qualité d'écriture qui ici brille.
Probablement le meilleur album de shoegaze que nous aurons cette année, et de plus livré par un groupe légendaire, acteurs de la création du genre.