Le retour des loups en 2017 fut pour moi une surprise, tant je pensais que le groupe avait cessé toute activité trois ans après Celestite, qui avait fait grincer pas mal de dents au vu de la direction prise par les frères Weaver, et surtout sept ans après leur véritable dernier album, Celestial Lineage. Et donc l'annonce de ce Thrice Woven m'a emplit d'une joie certaine à l'idée de retrouver les immenses forêts du nord ouest américain, mais aussi d'une crainte à l'idée qu'ils ne pouvaient ne plus rien avoir à dire d'intéressant.
Que peut-on espérer d'un nouvel album de Wolves In The Throne Room en 2017, là où le groupe fut dix ans plus tôt le précurseur d'un black metal plus en phase avec la nature, jouant particulièrement sur les ambiances, qui fut à l'origine du mouvement "cascadian black metal", et dont toute une flopée de rejetons plus ou moins bons ont émergés dans son sillon depuis.
D'emblée, l'album s'ouvre sur l'inaugural "Born from the Serpent's Eye" qui en l'espace de dix minutes à peine rappelle à ceux qui l'auraient oublié qui sont les patrons du genre. On retrouve immédiatement ce qui fait tout le sel de la musique de WITTR, des mélodies lancinantes particulièrement accrocheuses, des vocaux black on ne peut plus réussis et une voix féminine, ici celle de la suédoise Anna Von Hausswolff, qui intervient à mi-morceau pour une pause bien sentie. Tout le travail sur les ambiances que l'on connait de la part de WITTR se retrouve ici, leur musique est reconnaissable entre mille.
A peine le temps de souffler que Steve Von Till en personne vient introduire le morceau suivant de sa voix habitée, avec un feu de camp qui crépite en fond. Deuxième titre qui réussit l'exploit d'être tout aussi bon que le précédent. Tout est parfait, certains passages sont tout bonnement à tomber. L'ajout d'un synthé pourrait rendre l'ensemble absolument kitsch, mais il n'en est rien, cela fonctionne immédiatement,le morceau sonnant presque comme un classique.
La suite est à l'avenant, peut-être un poil moins marquante que ces deux morceaux introductifs, mais la charge impressionnante qu'est "Angrboda" vaut le détour, rarement le groupe n'ayant sonné de manière si brutale tout du long de sa discographie. Cette autre facette nous montre un groupe qui semble revenu pour de bon au black metal après avoir expérimenté d'autres genres sur Celestite. On retrouve Anna Von Hausswolff pour un nouvel intermède acoustique de toute beauté avant que "Fires roar in the palace of the moon" et ses onze minutes de chevauché implacable sous la pluie ne viennent mettre un terme à l'album.
Quel retour inespéré de la part de WITTR. On pouvait, à raison, craindre à une déception, il n'en est rien. Les deux frères, maintenant rejoint par un bassiste, reviennent grâce à ce Thrice Woven avec un grand album, d'une grande cohérence, et d'une qualité digne de ce qu'il ont pu produire par le passé. On est en terrain connu, pourtant, nulle sensation de redite, on a bien affaire à un nouveau chapitre dans la carrière du groupe. Espérons seulement que l'on ne doive pas attendre cinq ou six pour en voir la suite.
Chronique écrite en 2017, et publiée sur Xsilence.net