Tigermilk
7.3
Tigermilk

Album de Belle and Sebastian (1996)

Le meilleur album de Belle & Sebastian ?

Bon, le titre est volontairement provocateur. Comment ne pas reconnaître la quasi-perfection de l'album suivant, le classique If You're Feeling Sinister ? Il n'empêche que sur ce premier essai fulgurant, Stuart Murdoch et sa bande signent un monument d'indie pop.


Alors que le Royaume-Uni est en pleine Oasismania, nos Ecossais sortent ce 1er album dans l'indifférence générale. 1000 disques vinyles seront pressés, pas un de plus. Choisir de publier uniquement 1000 exemplaires de cette première galette - et choisir le support vinyle à une époque où le CD est roi - a tout du suicide commercial et de l'auto-sabordage d'emblée...


En réalité, tout est idiosyncratique dans la sortie de ce premier album: l'imagerie "arty" du groupe, avec cette superbe photo de la pochette, la voix susurrée de Murdoch et ses textes personnels et lettrés, ce nom de groupe en référence à un roman français, le background universitaire des membres... Presque un cliché de tout ce que n'est pas Oasis !


Evidemment, une fanbase ultra-fidèle se formera petit à petit, et les LP's originaux s'échangent aujourd'hui à plus de 500 euros pièce, ce premier album gagnant un statut culte amplement mérité.
Car qu'est-ce qu'on constate sur ce Tigermilk ?


L'album démarre avec The State That I Am In, standard absolu du groupe, maître-étalon de tout le savoir-faire de songwriter de Murdoch, sous forme de confession intime. Qui est ce compositeur fou qui commence sa carrière sur ces paroles "I was surprised, I was happy for a day in 1975" ?
Clairement quelqu'un qui n'a pas honte de se mesurer à Morrissey.


"Expectations" et "My Wandering Days Over", entre autres merveilles, poursuivent dans la même veine l'enchantement de cette première missive et définissent ensemble le style inimitable du groupe pour le reste de leur vie, pour le meilleur et pour le pire.


Les violons et les flûtes aux accents médiévaux sont de sortie sur la délicate We Rule The School, tandis que Murdoch clame sa misanthropie au monde sur la sublimissime I Don't Love Anyone, que n'aurait pas renié les Smiths.


Mais c'est "Electronic Renaissance" qui me fait dire qu'on tient ici peut-être le meilleur album de la discographie du groupe, et donc l'un des meilleurs de la décennie. Quel trip ! Quel culot que cette dérive électro enivrante !


Bref, tout le songwriting pop d'un Murdoch au sommet de son art. A découvrir d'urgence si ce n'est pas déjà fait.

Rafael_S

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