Time Is Money par Bobby_Milk
"Time Is Money"... Et pour sûr, Styles P doit encore plus s'en rendre compte de l'exactitude de l'expression depuis la récente sortie ultra repoussée de son opus. Prévu pour l'été 2005 c'est finalement le 19 Décembre 2006 qu'il sera révélé. Le temps vaut vraiment de l'argent et la longue attente a fait baisser toute la pression et l'effervescence de l'annonce de ce disque. Mais le point le plus négatif est surtout dû au fait que la plupart des morceaux présents ici ont pu dès lors circulés sur le net durant de nombreux mois. Qui irait acheter un album dont la quasi totalité des sons n'ont plus aucun secret ? Tout simplement ceux qui ne téléchargent pas du tout (ça existe ?) ou n'écoute pas de mixtapes, mais aussi ses fans et ceux qui bien sûr fétichistes préfèrent avoir ces 12 morceaux sur vrai support. Mais que s'est-t-il passé au juste? Les retards qui durent des mois c'est un peu ce qui se passe avec pas mal de rappeurs qui ont des labels capricieux ou qui ont surtout d'autres priorités. Joe Budden, Saigon, ODB,... pourraient, pour ne citer qu'eux, très bien décrire ce sentiment d'impuissance (enfin sauf le défunt membre déglingo du Wu).Allez, on oublie ce délais d'attente insupportable pour bel et bien écouter le deuxième album du membre des LOX. Lui qui a toujours été très prometteur et annoncé comme un grand espoir il y a 4 années de cela après ses prémices sur "A Gangster and a Gentleman", nous sort donc l'excellent premier single "I'm Black". Un titre engagé qui peut être perçu comme provoquant, mais qui a surtout comme morale principale et comme message aux gens, la fierté d'être ce qu'ils sont et de ne pas le renier, autrement dit pour lui la fierté d'être noir et de venir du ghetto. Une revendication allégée par la douce et sublime voit de Marsha Ambrosius, le tout orchestré de main de maître par Alchemist.
Sur l'ensemble des pistes (hormis la dernière), Styles P est accompagné d'un autre artiste, parfois étonnant, qui vient l'épauler sur le long périple de ce court disque. Il était évident de notamment retrouver ses compagnons de route Jadakiss et Sheek Louch, ici réunis pour un remix Swizz Beatzesque de "Who Want A Problem" produit par l'élu Neo Da Matrix. Ou encore Jadakiss tout seul cette fois pour lâcher quelques phrasés sur le planant "How We Live", avec ses violons et sa flûte traversière enchantée qu'apporte fraîchement Havoc pour nous évader l'esprit le temps d'un morceau. Comparant les femmes à une drogue sur "Favorite Drug", Styles P sniffe ici une production de Rashad, qui reprend le même sample que le morceau de T.I "Why You Wanna" à savoir "Gypsy Woman (She's Homeless)" de Crystal Waters.
Sortis sur le label Ruff Ryders/Interscope, Styles P nous donne plus l'impression avec "Time Is Money" de sortir une compilation de morceaux confectionnés par ci par là que d'un album bien personnel comme on l'espérait. Néanmoins la qualité est là, ramenée principalement par quelques morceaux qui sortent du lot comme ce levé de rideau, le surprenant "G Joint" (et son ambiance années 80), cette association avec Talib Kweli pour un "Testify"( à la production magique d'Hi Tek) ou encore la voix du désormais regretté crooner Gerald Levert qui vient donné toute l'émotion de "Real Shit" (produit discrètement par Scott Storch). Mais l'on perçoit pas mal de fausses notes aussi, et celles-ci viennent nuire à l'ensemble du disque, comme on peut le dire le dégueulasse "Can You Believe It"( avec Akon sur du Lil Jon), le timide "Kick It Like That" avec Jagged Edge, ou encore la fausse alchimie entre Styles P et Sizzla sur l'endormant "Fire And Pain". Ou ce coup de gueule miniature avec les Flipsydes "Burn One Down". La première partie de l'album est vraiment lourde, mais celle-ci vient très nettement être perturbée par une seconde partie beaucoup moins puissante même s'il termine le tout en beauté avec le prenant "Leave A Message" (produit par Dame Grease), où comme le titre l'indique déclare sur répondeur ce qu'il a sur le cœur à ses amis, proches et autres. Cet album qui a été très chahuté est certes mitigé mais qu'on se le dise, son flow rageur et ses lyrics affûtéés sont toujours bien là et l'on attend vivement une suite à ce projet qui, espérons-le, sera moins mouvementé que ce dernier pour sa sortie.