Time And Space, le nouvel album de Turnstile tout juste signé sur Roadrunner Records a atteint mon niveau d’attente, élevé, depuis la branlée Non-Stop Feeling, dernier album en date du groupe sorti en 2015. Mais là où Turnstile aurait pu simplement et très efficacement repomper toutes les bonnes idées de leurs premiers Eps et albums (ce que je ne leur aurait pas reprocher d’ailleurs, fanboy que je suis) et bien Turnstile a dépassé mes attentes en proposant un son, une production qui va piocher dans des influences plus fines, plus old-school parfois, pour mieux desservir l’énergie excitée et le fun décomplexé du Hardcore parfois devenu un peu trop sérieux dans le posage de couilles.
Alors déjà, à la question : est-ce que la signature de Turnstile chez Roadrunner a bridé le groupe dans sa recherche de nouvelles sonorités ?
A ça je réponds que-nenni,
c’est même tout l’inverse puisque les 4 joyeux drilles de Baltimore ont décidé de proposer en 26 minutes chrono en main un album où les morceaux dépassent rarement les 2 minutes. Seules deux chansons dépassent tout juste les 3 minutes mais il ne faut pas s’y méprendre, 26 minutes chez Turnstile, lorsqu’on tend l’oreille, c’est dense et les directions sonores sont variées. Il m’a fallu plusieurs écoutes pour intégrer tous ces nouveaux éléments qui n’étaient pas forcément audibles sur les anciennes productions du groupe. Un piano matraqué sans vergogne sur Big Time, comme si le mosh s’était installé dans un saloon de Western, des clapements de mains ultra-cheap, des coeurs pop, des envolées psychédéliques, Turnstile a repoussé les limites du son Hardcore avec un naturel qui fait froid dans le dos, les membres du groupe, rappelons-le, n’ont même pas 25 ans pour la plupart.
Mais c’est justement cette jeunesse et cette envie d’en découdre dans le pit, retranscrite en live par une énergie débordante et des shows qui partent en freestyle complet dans la fosse, qui fait que le groupe ne s’éloigne jamais de son but premier : nous faire passer un très bon moment, sourire aux lèvres et nous faire distribuer par la même occasion, toujours le sourire aux lèvres, quelques patates dans le pit bien sentie.
La production est un peu plus merdique, un peu plus compressé comme une brique par rapport à Non Stop Feeling qui sonnait plus propre mais qui, à mon sens, dessert d’une manière plus authentique et plus agréable les influences old-school. On retrouve l’esprit de Pressure To Succeed, leur premier EP au son dégueulasse, l’inventivité des harmonies de leurs Eps et évidemment, ces tout nouveaux éléments pop/thrash/psyché. Le tout garde bien évidemment les matraquages toukatouka du Punk-Hardcore à la Cro-Mags ou à la Bad Brains afin de garder cette base Hardcore qui nous oblige à garder les bras levés au cas où une moshpart pourrait venir subitement s'éclater sur notre tronche.
on est désorientés un peu sur cet album car justement, on sait jamais trop quand ça va tabasser, surtout à la première écoute. Mais comme tout album, après 4 – 5 écoutes et lorsqu’on a bien le truc en tête et bien celui-ci devient une usine à tubes alimentée par des mosh-parts plus subtiles que des trucs de gogole que je ne citerais pas dans cette chronique.
Avec ce nouvel album de Turnstile, on sort de notre zone de confort et rien que pour ça, il en vaut la peine si on démontre d’un minimum de curiosité chez des artistes qui ne se veulent pas simplement des faibles copies sans âmes, limitées par des style plus ancien qui méritent, désormais, d’être dépoussiérer un peu. Faire du neuf avec du vieux c’est possible et Time And Space, s’il a été bashé en grande partie par la critique spécialisée, n’en reste pas moins une nouvelle approche sonore du Hardcore où règne la bagarre, les chants Sing-Along et surtout une bonne grosse dose de fun dans ta gueule.
Définitivement et avec toute l’objectivité possible que je m’impose à moi-même face à cette nouvelle production sensationnelle de Turnstile, nous avons désormais un album de plus à ranger dans la catégorie des meilleurs albums de l’année, ou au moins dans le Hardcore en tout cas,