-Hey Klaus ! You seem in a good Moog today.
Si l'on en croit l'avis de beaucoup, Timewind est le chef-d'œuvre de Klaus Schulze. On doit probablement ce consensus à la distribution inexistante des albums du Berlinois sur le territoire américain, Timewind constituant un rare contre-exemple. Dans l'histoire de l'évolution de l'art de Schulze, Timewind marque le peaufinement et la maturation de son style, qu'il avait trouvé pour la première fois dans le précédent Black Dance. Équipé désormais d'un matériel plus varié, l'allemand remplace ses longues plages d'orgues contemplatives par des rythmes hypnotiques et des séquences sonores à foison. Le tout contenu dans deux plages longues comme un jour sans Punk, présenté en forme d'hommage à Richard Wagner ("Bayreuth Return", "Wahnfried").
Si Klaus Schulze a toujours cherché à saluer ses idoles, comme sur X, trois ans plus tard, le résultat en musique ne ressemble en rien à du Wagner. C'est juste du Schulze pur jus, une peinture abstraite de paysages désolés, la notion de désert humain mise en musique. Une plage, une ambiance. La première est rythmée, s'appuyant sur des séquences répétées indéfiniment, où la tonalité change régulièrement pour stimuler par cycles l'attention de l'auditeur. La seconde, plus lente, consiste en l'alternance de longues plages de doux synthétiseurs, qui laissent éclater la profondeur de leur son. Il est facile de se perdre dans une telle musique, de s'attarder sur une simple note tenue, de contempler la richesse de ce minimalisme grave.
La superbe pochette Dantesque de Timewind guide notre imaginaire vers un monde majestueux, mais aussi désolé et aride. Peut-être celui de la planète Dune, dont Klaus est friand (et à laquelle il rendra un hommage dans l'album du même nom) ? La magie de l'allemand et de ses bidouillages marche comme à chaque fois. La transe est garantie pour l'amateur patient, qui n'a plus qu'à laisser son attention se laisser porter au gré des variations cotonneuses. Plaisir coupable que l'écoute d'un disque de Schulze ; la recette reste la même et, pour peu que l'on consomme l'objet avec modération, fait toujours mouche. Chaque nouveau disque du bonhomme, sauf en de rares occasions, n'est que l'ajout d'une nouvelle couleur apportée à la palette monstrueuse que constitue sa discographie pléthorique.
Non, c'est sûr, Timewind n'est pas une révolution dans l'art de Schulze, mais qui s'en préoccupe ? Ça n'est que la proposition d'une nouvelle réflexion sur le "space-rock", une pièce de plus, un petit pas supplémentaire dans le perfectionnement de son style, et c'est tout ce qu'on attend de lui. Un petit bijou à écouter allongé en plein milieu d'une plaine. En ne pensant à rien...