A l'occasion d'une nuit blanche devant arte qui a le bon goût de diffuser le concert à l'Olympia de la miss sur sa tournée Let England Shake, et entendant ainsi "Down by the Water" et "C'mon Billy" en live, j'ai eu envie d'écrire quelques mots au sujet de cet album.
Je suis entré tardivement dans le monde torturé de PJ Harvey, et ce fut par ce disque sublime. La pochette rejoue Ophélie, thème que l'album aborde également à sa manière dans "Down by the Water". Il s'agit d'un disque de chansons d'amour, comme son nom l'indique. Mais l'amour chez la bougresse n'est pas très rose, ni très fleur bleue. Moins grunge et agressif que Dry et ses précédents albums, plus romantique, plus bluesy mais aussi très boueux, "To Bring You My Love" est un album que l'on sent marqué par l'influence de Nick Cave à bien des égards.
Des chansons feutrées, porteuses d'une agressivité sourde à peine masquée comme le titre éponyme ou "Working for the man" et "I Think I'm a Mother", des passages plus enragés et sexués avec "Meet ze Monsta" et "Long Snake Moan" sont ainsi au programme de l'opus de la féroce et féminine femme fardée de rouge. Les textes débordent de sexe, de violence, de mort, de prostitution. Toute cette noirceur quant à la question amoureuse, abordée sous l'angle du conflit, conduit forcément à des chants de déploration et de rupture.
Ce sont les amers, cinglants ou plus directement déprimants "C'mon Billy", "Teclo", "Send His Love to Me" et "The Dancer". Toutes les étapes de la vie et d'une relation sont envisagées pour un ensemble cohérent, sombre, houleux et assez gothique dans son approche de la musique et de l'incarnation des textes. Il y a presque quelque chose de néo-victorien dans tout ça, une sorte de version féminine du dandysme post-moderne de Nick Cave. La production est évidemment parfaite et rend cette noirceur à merveille et il n'y a absolument pas une seconde de trop sur l'album.
Un diamant noir.