Un pavé dans Lamar
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C’est en révélant le moins de chose, qu’on a le plus de chance de surprendre. Quand Kendrick Lamar annonce la date de sortie de son nouvel album, le titre du projet, la pochette et la tracklist ne sont toujours pas dévoilées, seul 2 extraits sont connus. Une attente insoutenable de 3 semaines qui poussera même sa maison de disque à sortir ce projet 9 jours avant sa date initiale pour le plus grand plaisir des fans.
‘To Pimp A Butterfly’ affiche la même ambition que son prédécesseur ‘good kid m.A.A.d city’, mais dans un registre complétement différent. La storytelling haletante de sa première sortie sur major nous racontant son adolescence dans les rues de Compton, laisse place cette fois-ci à un message politique engagé et soutenu. Un discours militant que Kendrick Lamar et son équipe ont décidé de baigner musicalement dans de la Funk, à mi chemin entre la P-Funk originelle de George Clinton et la G-Funk de ses illustres ainés. Un résultat naturellement groovy avec comme ligne directrice 3 musiciens omniprésents de bout en bout, que sont Terrace Martin (saxo), Robert Glasper (keyboards) et Thundercat (bass). Une construction sans faille encore une fois à l’origine du succès de cet album, avec un vrai travail d’équipe (voir les crédits pour tous les détails).
Kendrick se laisse aller entre interrogations (‘For Sale?’), confidences (‘These Walls’), revendications (‘Hood Politics’), aigreurs (‘The Blacker The Berry’) et célébrations (‘i’). On le retrouve même aux côtés de Tupac pour cette interview intemporelle sur la fin du morceau ‘Mortal Man’, un titre qui conclut ce LP sorti quasiment 20 ans jour pour jour après l’album ‘Me Against The World’ de Pac. 2 albums qui partagent les mêmes racines avec cette démarche franche affichée du début à la fin, des messages forts disséminés sur la plupart des morceaux avec en point d’orgue des bijoux comme ‘Wesley’s Theory’, ‘Institutionalized’, ‘u’ et ‘How Much A Dollar Cost’ pour ne citer qu’eux. Si le single ‘King Kunta’ est un petit peu plus léger dans son propos au premier abord, cet egotrip à la rythmique hypnotisante (revisitant le morceau ‘Get Nekkid’ de Mausberg et DJ Quik) est une bombe funky à ne pas prendre à la légère.
‘To Pimp A Butterfly’ est une œuvre une nouvelle fois complexe à l’image de son auteur, avec un format très scénarisé qui en perdra peut être certains car on est loin de ces albums lambda avec un enchainement stricte (voire sans ambition) de divers titres. Pour ma part je tombe encore une fois sous le charme du produit livré qui nécessite certes quelques écoutes pour y comprendre toutes les subtilités. Chaque intervenants y jouent parfaitement son rôle, s’intégrant pleinement dans ce projet dont il faut attendre la toute fin pour que Kendrick nous dévoile enfin l’intégralité de ce poème qu’il construit sur divers morceaux. Une inspiration sans limite qui, tant qu’elle guidera le prodige de Compton, nous offrira des moments musicaux inoubliables comme ceci.
Chronique réalisée pour le blog : http://lehiphopsurecoute.com
Créée
le 24 avr. 2015
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