Trois années après Aï et la tournée d’un spectacle pharaonique mais éreintant
créé à Bercy, Higelin revient sur Terre fin 1988 avec Tombé Du Ciel (il a
vraiment sauté en parachute). Il s’agit d’un album très mature conçu en
solitaire après un recul salutaire, mais concrétisé grâce à beaucoup d’autres
artistes. On y trouve de nombreux chœurs et même un orchestre symphonique pour
le dernier morceau où Higelin s’essaye à la musique classique avec succès. Des
arrangements de classique sont également réalisés par William Sheller pour la
chanson “La Fuite Dans Les Idées”. Didier Lockwood agrémente deux morceaux très
rythmés d’un violon teinté de sonorités tsiganes : “Follow The Line” et
“Chanson”. Certaines orchestrations sont de Ivan Jullien, aussi à l’aise pour
les cuivres du dynamique “Bras De Fer” que pour les cordes délicates de la
“Ballade Pour Roger”. Doudou N’Diaye Rose vient prêter mains fortes sur ses
tambours pour “Le Drapeau De La Colère”. Les autres titres sont de l’Higelin pur
jus, inspiré des îles pour “Poil Dans La Main”, enjoué et fantaisiste sur “Tombé
Du Ciel” ou “Tom Bonbadilom”, touchant sur le sublime texte parlé de
“L’Innocence” et sur la ballade piano-voix dédiée à son père “Parc Montsouris”,
une belle réussite. Les paroles sont plutôt légères et souvent facétieuses dans
la première moitié du disque, plutôt sérieuses et humanistes dans la seconde
moitié. Le tout écrit de main de maître, dont la poésie transparaît à sa juste
valeur. La production est impeccable, signée Jacno. Globalement, en revenant aux
sources et à une apparente simplicité, Higelin réalise un album parfait de part
en part.