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♫ Tiuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu tin... tin... tin... tin-tin, ponm... ponm... ponm... ponm-ponm, PONM tintintin PONM tintintin PONM tintintin PONM-PONM tintintin PONM tintintin... tindindiiiiiiiiiin, tan tiiiiiiinnn... ♫
Le thème d'ouverture, appelé "The Dream", qui a marqué tous les esprits d'une génération de bon goût suffit à annoncer une oeuvre qui promet quelques envolées complètement jouissives.
Jerry Goldsmith entre en matière avec un hommage ouvert et remarquable à la partition de Basil Poledouris pour "Conan le Barbare" en reprenant à sa sauce les premiers instants de l'inénarrable morceau "Anvil of Crom" qui avait en son temps, avec quelques autres mélodies qui n'ont depuis jamais trouvé leurs égales, accompagné l'autrichien aux cimes de l'épique.
Goldsmith se permet donc un doublé audacieux dans ce clin d'oeil savoureux à Basil et Arnold. Et ça fonctionne à merveille. Ce ton à la fois affectueux, taquin, légèrement décalé, fougueux et joueur colle parfaitement au film qu'il accompagne. Total Recall s'ouvre avec fracas sur ce générique rouge-feu annonçant les terres aride qui nous serons dévoilées dès les premiers plans. Après ce morceau, on reste définitivement accroché au film, entre jubilation et euphorique curiosité. Ça va tabasser fort pour sûr, mais pas que.
La suite de l'album, parce que c'est bien d'un album dont il est question ici, change radicalement et Goldsmith retrouve son style propre qui déjà imprégnait la seconde partie de "The Dream". Le ton prend des accents plus "coulants", plus "rêveur", plus "mystérieux" qui collent on ne peut mieux à ce que bâtit Verhoeven en images.
Les affolement symphoniques lors des poursuites et autres fusillades ("The Johnny Cab" ; "The Hollowgram") s'emballent avec maestria, rappelant notamment le magnifique boulot que le compositeur avait déjà accompli pour "Papillon". Pour le reste, le traitement absolument excellent de la narration pour ce qui est de la limite entre réalité et imaginaire est parfaitement accompagné par Jerry qui jadis avait déjà prouvé son génie pour les créations d'atmosphères, entre "La Planète des Singes" (une partition incroyable, suffocante aux accents tribales) et "Alien". (ambiance anxiogène assurée), adoptant ici des mélodies plus lancinantes, évasives, incertaines, composées sur une surface d'eau troublée et légèrement agitée, partant parfois vers une visite des abysses.
Au delà du film, car c'est surtout là tout l'intérêt d'une telle critique, Jerry Goldsmith compose là un album symphonique à part entière qui a déjà plus ou moins consciemment marqué bien des esprits. Un album qui en vaut bien d'autres n'ayant pourtant pas pour vocation première d'accompagner telles ou telles images. Un album à s'enfiler avachi sur un plumard, en rêvassant, en bossant, en lisant, en se tapant quelques kilomètres à pieds ou à pédales, en tapant une critique à la con sur ce site... Un petit chef d'oeuvre musical en gros.