Toto XIV〜聖剣の絆
6.5
Toto XIV〜聖剣の絆

Album de Toto (2015)

Connus pour leurs compétences multi-projets déployés au fil des 38 années d’existence du groupe, les membres fondateurs de TOTO (Steve Lukather, David Paich, Steve & Jeff Porcaro) se virent rapido affublés du sobriquet de “requins de studios“, ce qui en disait long sur la puissance de frappe des zigotos qui synthétisaient leurs talents aussi bien chez les autres qu’au sein d’une formation pompeusement regardée de haut outre-atlantique. Un paradoxe sur pattes depuis le triomphe public et critique d’un quatrième album (IV, 1982) estampillé incontournable – une erreur impardonnable pour l’industrie.

Quatre décennies ou presque, c’est aussi l’occasion de vivre moult aventures, plus ou moins heureuses (une pensée pour Mike Porcaro qui nous a quitté le 15 mars dernier), et un paquet de hits au compteur. Tout cela devait pourtant se terminer il y a neuf ans, avec Falling in Between (2006), album charnu et très réussi qui taillait dans le gras sans vergogne. Une très belle porte de sortie. Depuis, TOTO était devenu un groupe scénique occasionnel, plein d’enthousiasme, prolongeant les choses à travers son répertoire de haut vol.

Mais un contentieux contractuel allait tout remettre en cause ! Voilà que le groupe “devait” encore un album à la maison de disques. Dont acte. Avec les retours du claviériste Steve Porcaro et du chanteur Joseph Williams (25 ans d’absence quand même) et la panouille du bassiste David Hungate (parti après l’album IV) et le remplacement de Simon Phillips par Keith Carlock, TOTO semblait décidé à ne pas se contenter de jouer des fonds de tiroirs.

Enregistré par CJ Vanston, qui donne ici dans la patine impeccable, XIV s’avère électrique et hédoniste. Ces onze chansons (douze pour la version japonaise avec le soyeux « Bend ») dénuées d’emphases inutiles font preuve d’une écriture assez délicate (« Running Out of Time », « Burn »), avec des textes moins légers qu’il n’y paraît (le groovy « Holy War »), n’évitant pas le flirt blues-jazz qui a du cachet (« 21st Century Blues » en écho lointain de « Rosanna »). Le charme de l’écriture et du style TOTO opère toujours à plein. S’il n’évite pas quelques sucreries (« All the Tears »), le groupe frappe fort et fixe l’attention de l’auditeur sur des titres comme l’emballant « Chinatown » (écrite à l’époque de « Georgy Porgy »), le consistant « Fortune » et le très virtuose « Great Expectations » qui joue l’échappée belle au fil de ruptures presque juvéniles et de soli claviers-guitares pleins de peps dans un mélange savant de « Manuella Run » et « Jake to the Bone ».

Encadré par quelques VIP de luxe (Lenny Castro, Tom Scott, Leland Sklar, Tal Wilkenfeld, Tim Lefebvre), tout cela aurait pu sombrer dans le pastiche ou le radotage de trop. Pourtant, si cette quatorzième livrée porte l’empreinte de tous les albums « numérotés » (I, IV, VII), se faisant pour le coup leur successeur logique, il n’en devient pas passéiste pour autant. Sans réinventer la roue, ni sa propre légende, TOTO ne se fige pas et dépasse les doutes que certains avaient pu cyniquement émettre à l’annonce du projet. Sur la ligne d’arrivée, ce XIV bien ficelé confirme que le temps n’a décidément pas de prise sur cette bande de copains toujours abonnés au songwriting efficace, virtuose et élégant. Une belle réussite qui rend un hommage, vibrant, aux frangins disparus trop tôt.
AmarokMag
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le 23 mars 2015

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