Le 10e album de Lavilliers sort en 1984. Il succède à deux monuments (O Gringo et Nuit d'amour) et à un album en partie raté (Etat d'Urgence). Un peu moins froid que ce dernier, il n'en n'est pas moins un album très moyen.


Depuis "Nuit d'amour", le stéphanois a pris le parti des synthétiseurs et des boites à rythme. On ne peut l'en blâmer car c'était complètement dans l'air du temps à cette époque. Cela a été réalisé avec réussite sur les "Night Bird" et autre "Eldorado" et de manière nettement moins convaincante sur le glacial "Etat d'Urgence".


Etonnant de parler de nouvelles tessitures et d'horizons musicaux plus modernes à la vue de la magnifique pochette signé Tardi, le dessinateur d'Adèle Blanc-Sec. Ce dernier est fasciné par les années 10... Quant à l'entame de ce disque "Le Bal", c'est une formidable chanson d'inspiration brésilienne, qui fait penser à "Sertao" dont le rythme endiablé est assuré par... un accordéon !
Tout cela est bien classique et traditionnel, pour mon plus grand bonheur, avec, toujours, ce rappel au voyage.


Malheureusement, cela se gâte ensuite. Laviiliers nous emmène dans une sorte de tourbillon de rock FM 80 (Gold, Goldman...) insipide et soporifique, parfois interrompu par une petite bossa triste et plate (Des milliers de baisers perdus), par un titre glauque aux nappes de synthétiseurs (Chinatown) ou un nostalgique mid-tempo vaguement jazzy (Lyon sur Saône).


Le calice est bu jusqu'à la lie avec le final "Entrée des Artistes", totalement ringard dans le propos et dans la forme de nos jours. Ce titre ressemble plus à un générique d'émission de Drucker qu'à de la poésie rebelle. C'est dire.


En résumé, Lavilliers est essoufflé : après le demi-ratage d'Etat d'Urgence, qui avait le mérite de contenir des titres magnifiques, ce "Tout est permis..." est (presque) parfaitement dispensable.


A écouter en priorité : Lyon-sur-Saône


Meilleur titre : Le Bal

SherlockBlancSec
5

Créée

le 4 mai 2020

Critique lue 221 fois

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