Article paru sur https://www.benzinemag.net
La dernière fois que Dominique A a mis les bouchées doubles, c’était en 2009 avec La musique et La matière, deux albums jumeaux, séparés puis rassemblés, pour former finalement un double album marqué notamment par la présence massive des sonorités électroniques et des boites à rythmes. Un disque en forme de rupture – comme c’est souvent le cas dans la discographie du natif de Provins – qui faisait suite à L’Horizon, une production magistrale, baignée de guitares et de mélodies pop parfaites. De la même manière, Toute latitude laisse les guitares de côté et met en avant des sonorités électroniques rêches. On oublie alors les beaux arrangements de cordes, le lyrisme et le romantisme de Eleor pour aller vers quelque chose de plus âpre, de plus ténu, et forcément de moins facile d’accès.
Car effectivement, la première approche peut paraître assez déconcertante. On est d’abord frappé par le côté brut et ramassé des chansons, pour la plupart très courtes, très directes dans leur approche, avec l’impression d’entrer dans un disque touffu qui ne demande qu’à être défriché.
Par moment, on a vaguement l’impression d’avoir entendu certaines mélodies ou tonalités dans d’autres albums, de retrouver des harmonies vocales qui nous ramènent à de vieilles chansons, mais avec quand même pour la première fois ici des textes parlés ou murmurés et surtout qui n’ont peut-être jamais été aussi sombres.
Les musiques sont au diapason, avec des sonorités froides et des arrangements assez proches de ce que l’on peut trouver par exemple sur les derniers albums de Depeche Mode, avec ce gros son de bass bien lourd et ces boucles entêtantes, limite indus par moment.
Il y a un sentiment de raideur et d’urgence mêlés qui se dégagent de cet album qui va sans doute demander un petit effort à ceux qui, toujours encore, se laissent doucement bercer par les refrains inoubliables de Au revoir mon amour ou Cap Farvel. Pour retrouver cette légèreté et cette grâce, il faudra sans doute attendre la parution, le 7 octobre, de La fragilité qui a d’ailleurs été composé en même que les chansons de Toute latitude.
En attendant, on profitera à fond de ce 11e album qu’il faudra laisser un petit peu mais qui rassemble, comme toujours chez le nantais, quelques chansons magnifiques, arrangées et enregistrées pour l’occasion avec Sacha Toorop, Etienne Bonhomme, Jeff Hallam et Thomas Poli… sans oublier la dimension graphique du projet qui pend ici une place importante avec l’artiste Sébastien Laudenbach, auteur de la pochette et des vidéos en animation qui accompagnent une bonne partie de Toute latitude.