En 1989, on pouvait respirer, on retrouvait enfin ce bon vieil Alice alias Vincent Furnier dans la vraie vie après que sa carrière ait sombré et qu’il ait frôlé la mort dans les années 80 à cause de ses addictions. Remis sur pieds, il avait amorcé son retour avec « Constrictor » (loupé) puis « Raise your feet and yell » en 87, autrement plus consistant. Mais c’est avec ce «Trash » qu’il retrouve les faveurs du grand public. Attention, tout ici est calculé, préparé minutieusement et le succès de cet album visant l’efficacité maximale ne doit rien au hasard. Alice et son équipe ont étudié avec précision tout ce qui se fait à ce moment-là dans le domaine du hard rock et il fait d'ailleurs appel au producteur Desmond Child (co-auteur du "I was Made For Loving You" de Kiss, mais également de la production/écriture des, alors récents, albums de Bon Jovi et Aerosmith), afin que celui-ci participe à la composition de la totalité des titres de son nouvel album. Le résultat va cartonner, il faut dire qu’au-delà du projet étudié et préparé, Alice retrouve la forme avec la sobriété et sait s’entourer d’une excellente équipe. Aucune surprise, aucune trace d’humour noir auquel il nous a souvent habitué, rien ne doit venir ici troubler le plan concocté pour plaire aux médias et au grand public, MTV et FM américaines en tête. Pas question d’un sulfureux « Dead Babies » ou « I love the Dead » ! A l’image de "Poison" ou des entraînants "Spark In The Dark" et "House of Fire", la musique réussit à combiner avec bonheur les univers du Heavy et de la Pop. Bien sûr, il faut les ballades attendues et ici elles se nomment "Only My Heart Talking" qui contient une apparition magique de Steven Tyler et "Hell Is Living Without You", dans laquelle Alice se montre un peu plus sombre ; elles sont somptueuses. Les invités prestigieux sont des membres d’Aerosmith et Bon Jovi mais aussi Steve Lukather. Alors, oui, la créativité, voire la folie (on peut user de ce mot dans son cas) d’Alice semblent appartenir définitivement au passé. On peut enrager ou trouver ça opportuniste et courageux mais Vincent Furnier s’est « rangé des voitures » et s’est acheté une conduite, suivant le rock business des années 80. On peut préférer « School’s out » ou « Billion Doller babies » mais ce « Trash » est très efficace et soyons honnête, si Vincent n’avait pas amorcé ce tournant, il ne serait sans doute plus là aujourd’hui et on se rappellerait juste de lui pour ses albums des années 70.