Trilogy par Fabien Labonde
Encore une fois, Emerson, Lake and Palmer ont poussé leur art à un grand niveau de compétence. L'agencement des instruments claviers - guitare est mieux équilibré que sur l'album Tarkus, mais toujours pas assez de guitare à mon goût ! Soit, Emerson est toujours aussi mégalo, mais sa maîtrise du piano ne gâche rien (on a une piste de piano solo dès le second titre "Fugue").
J'accroche moins sur ce qu'il fait à l'orgue sur "Living Sin", mais vu que je frissonne à chaque note de synthé Moog, je suis comblé par les autres morceaux.
Parmi les sonorités qui renouvellent un peu le son ELP (qui n'a pas trop varié entre Tarkus et Pictures at an Exhibition), on trouve des cloches, de la zoukra (une sorte de flûte africaine évasée) un essai de voix caverneuse de la part de Greg Lake et sur "From the Beginning" une belle dualité de guitares acoustique et électrique son clair avec une réverb bien chaude. A noter : les premières notes de ce morceau évoquent à s'y méprendre le "Roundabout" de Yes.
Le morceau "Trilogy" est un petit bijou, et dans les inspirations d'Emerson, Bernstein, Prokofiev et Rimsky-Korsakov ne sont pas loin. Dans la section centrale, les accents de Palmer sur les toms et la cowbell sont remarquables. Le boléro final me semble plus être une expérimentation (polyrythmie, multiplicité de sons et de modes) que quelque chose de réellement abouti.
Par ailleurs, cet album a inspiré les Robert Berry et autres Jordan Rudess puisque les morceaux Hoedown, The Endless Enigma et The Sheriff figurent sur l'album hommage Encores, Legends and Paradoxes du label Magna Carta.