La barrière de la langue, cette inconnue

J'ai découvert Cro et cet album lors d'un concert en Autriche dans le donauinselfest (plus grand festival gratuit d'Europe) avec ma correspondante autrichienne.
J'ai toujours été très mauvais en allemand, si bien que sur place je parlais l'anglais (que je maîtrise). Par ailleurs a l'époque, abreuvé d'anciennetés, groupes de rock des années 1970 notamment, je n'écoutais pas beaucoup de rap, pour ne pas dire absolument pas.
Deux choses se sont produites ce jour là : dans l'euphorie d'un festival, j'ai découvert le rap en allemand. J'ai rien compris par les mots, quelque peu par les images, mais surtout c'est la musique, et surtout le rythme qui m'ont marqué. Profitant pleinement de ce spectacle dont il ne me reste que des éclats de souvenirs comme revenants d'un rêve, je n'ai alors même pas mémorisé le nom de l'artiste. Ce n'est que récemment, cinq ans après, que j'ai redécouvert qui se cachait derrière ce masque et que j'ai enfin écouté l'oeuvre dans un cadre plus classique (mais bien moins approprié que ne l'est un concert).
Que l'on soit clair, je n'ai absolument pas progressé en allemand depuis le collège, mais force est de constater que cette musique me parle. Sans doute enfouis au fond de moi, les airs du concert ressurgissent, pour mon plus grand plaisir. J'ai beau ne pas savoir ce qu'il raconte je peux constater que cet album est visiblement très travaillé, tant musicalement, certaines instrus sont vraiment très belles, l'ensemble mélangeant habillement instruments acoustiques (notamment des percussions) et électroniques, que sur le vocabulaire purement syllabique: les mots semblent vraiment de différentes natures, ce qui laisse supposer des textes bien écrits. Sur le plan vocal, certaines envolés rappellent certains morceaux de Scarlett Pleasure, tandis que le flow rappelle un savoureux mélange de chidish Bambino et Eminem. Deux genres différents mais qui ici semblent parfaitement s'accorder. Entre refrains chantés et couplets débitées l'album est entraînant de bout en bout. Mention spéciale au titre Forrest Gump, mais il me semble que celui ci a trouvé eco en moi du fait du concert.
Si ce concert ne m'avait pas transformé en adepte du rap instantanément, il m'a tout de même offert une certaine ouverture d'esprit et curiosité musicale envers les nombreux genres que je n'explorais pas et m'a permis de varier mes influences, mes écoutes...
Comme quoi la barrière de la langue relève parfois plutôt du portail...