Ce cher docteur Graffin avait annoncé il y a quelques temps, lors d’un concert, que True North serait le dernier album de Bad Religion. S’il s’est avéré qu’il s’agissait d’une plaisanterie, que la fin de la tirade du chanteur laissait aisément deviner (arrêter la musique pour trouver un boulot correct dans la Navy… heu, les mecs?), True North aurait effectivement pu être ce fameux album tant il semble vouloir marquer un retour aux sources. Une façon de boucler la boucle.
Les fantômes du passé hantant le brillant esprit de Greg et de son non moins talentueux acolyte semblent avoir pris le dessus et guidé la composition de cet album, qu’on pourrait situer quelque part entre Suffer et No Control.
Les morceaux sont rapides et ne dépassent pas les deux minutes pour la plupart. Certains passages nous ramènent d’ailleurs directement dans le passé : l’intro du morceau True North est clairement inspirée de celle de Leave Mine To Me, le premier riff de The Island rappelle When? de Suffer…
Fort heureusement, chaque piste possède son identité propre, et ces passages, loin d’être des plagiats éhontés, sonneront plutôt à l’oreille du fan comme d’agréables clins d’œil.
True North s’écarte d’ailleurs des premiers albums avec des mélodies plus racées. C’est rapide, c’est direct, mais ça ne tâche pas. On ne recherche pas le brûlot à tout prix, même si certains titres peuvent prétendre jouer dans cette catégorie (Land Of Endless Greed).
On ne louera certainement pas l’album pour son originalité, dispensée par très petites touches (le refrain de In Their Hearts Is Right qui surprend quelque peu à la première écoute), ni pour sa capacité à étonner (Dharma And The Bomb mise à part, entièrement chantée par Mr.Brett !) mais le tout demeure d’une redoutable efficacité.
Au rang des déceptions, citons Hello Cruel World, que son refrain poussif empêche d’être à la hauteur, ainsi que Changing Tide, morceau final qui ne restera pas dans les annales aux côtés de certains de ses illustres prédécesseurs, Cease et Skyscraper en tête.
Rien de bien sérieux à déplorer donc, pas de faux espoirs avec ce dernier opus, qui devrait raviver la flamme des déçus de The Dissent Of Man, plus surprenant mais moins solide sur la durée.
32 ans de carrière, et les pères fondateurs du punk-rock mélodique demeurent toujours, sans vanité aucune, au sommet du genre. Une carrière qui force le respect à l’heure où tous ces groupes de talent tombent, préférant devenir les porte-étendards du No Substance (Tim McIlarth, je pense fort à toi et à ta bande en écrivant ces mots).
Pour tous ceux-là, True North n’est rien d’autre qu’un subtil «Fuck You».