« Mettez à jour votre profil ». Voilà la phrase à laquelle s’est sûrement heurté l’ami Ty Garrett Segall lors du dépoussiérage de son premier album éponyme en 2008, 24 minutes bien tassées d’un garage naïf et bien gras. Mais probablement plus tellement représentatif de l’état d’esprit de l’intéressé, qui décide donc de passer la balayette et de refaire un album clinquant portant son nom. Car oui, inutile de tergiverser, Ty Segall sauce 2017 est terriblement maitrisé et concis. Manipulator en 2014 représente un véritable tournant dans la carrière du jeune américain. Ce dernier offre pour la première fois un récital de brillantes compositions aux arrangements foisonnants et à la production léchée. Un album solo impressionnant qui lui offre par ailleurs une certaine médiatisation. Ty a pris du galon et voit désormais grand. Mais après cette belle œuvre glam-rock extravagante, les déflagrations stoner (Fuzz) ou encore une parenthèse conceptuelle mindfucké (Emotional Mugger) le disciple de Marc Bolan va-t-il voir encore plus grand ? Aller encore plus loin ? Faire un album de trap-shoegaze ? Et bien non. Cette fois, zéro concept. Et on peut le dire : zéro prise de risque. Ty Segall l’assume, cet album est juste une collection de titres, pour certains datant un peu. On a donc à faire à une sorte de best of bien produit où les pédales fuzz surchauffent (Break A Guitar, The Only One, Thank You Mr. K) tandis qu'une bonne partie de l’album fait dans l’acoustique (Talkin’, Orange Color Queen, Take Care). Deux domaines dans lequel Ty excelle une nouvelle fois avec l’aide de Steve Albini (coucou je pèse) pour enregistrer tout ça en live. Seule note assez surprenante avec ce Warm Hands (Freedom Returned) avec ses dix minutes qui donnent quelques sueurs froides, où le rythme est malaxé et l’expérimentation prime. Ok Ty. T’as encore gagné. Du début à la fin, les guitares sont tranchantes, les mélodies tirent la larmichette. On a juste envie de lever le poing devant le « Freedom Band » ou de poser sa tête sur les bourrelets du blondinet. ET DE CASSER SES TOILETTES, FUCK OUAIS.