Je te crois.

Il était une fois, un objet télévisuel beaucoup trop bien et recherché pour avoir du succès. Un récit fascinant qui endoctrina tout une communauté mais ne rencontra pas le succès d’audience mérité. Au point où malgré les avis unanimes des critiques, les mignonnes petites personnes des Emmys (allez mourir) on décrété que non, le programme n’était pas assez bon, non le scénario ne mérite pas plus d’attention, non, les acteurs ne méritent pas d’être mis en avant. Et ce, malgré 3 saisons d’une série fantastique qui débuta en 2014. Cette série, c’est The Leftovers.

Pourtant, à la manière de l’intrigue crash-d’avion-avec-des-survivants-sur-une-île-perdue que proposait Lost et Lindelof à l’époque, The Leftovers se basait sur un fait plutôt mystérieux et alléchant pour le téléspectateur moyen : 2% de la population mondiale disparaît sans raison, semant ainsi le chaos. MAIS OÙ SONT-ILS PASSÉS ? SURPRISE. Mais derrière cet événement énigmatique et simpliste, The Leftovers va beaucoup plus loin. Au grand dam de Scott, jeune américain fan de Game of Throne qui voulait juste voir une bande d’extra-terrestres enlever des humains pour effectuer des expériences et ravager la planète (pas de chance).

En effet, passés ces événements du 14 octobre mis en scène dans le premier épisode de la série, The Leftovers s’atèle à montrer l’après. A nous dérouler la vie de ces êtres humains brisés par l’inexplicable et l’inconcevable. Incarnés entre autres par les formidables Justin Theroux (Kevin) et Carrie Coon (Nora), ces citoyens lambda, dont le quotidien est fait de bas et de hauts, ne parviennent plus à retrouver une vie normale et à passer à autre chose après le « sudden departure ». Agrémenté de scènes bluffantes et inexplicables sur le moment (Lindelof n’a pas été biberonné à Twin Peaks pour rien), The Leftovers traite donc les thèmes du deuil et de la religion comme refuge, mais pas que. Plus globalement, la série met en avant l’importance de la famille, des liens, s’interroge sur la vie après la mort et les choix cruciaux qu’on l’est amenés à faire au cours de son existence. Un vaste programme que vient sublimer Mimi Leader à la réalisation sur certains épisodes (nombreux sont les plans magnifiques) et Max Richter pour la bande originale, dont les pianos et violons sont désormais une partie constituante de l’identité de la série. Et comme pour Lost, Lindelof n’en oublie pas la profondeur de ses acteurs secondaires, comme, parmi tant d’autres, le poignant révérend Matt Jamison (Christopher Eccleston) ou l’effroyable Patti (Ann Dowd).

Je pourrais prolonger ces lignes à l’infini tant ce show signé HBO regorge d’une richesse incroyable et m’a bouleversé profondément, mais rien ne vaut un visionnage par soi-même pour se rendre compte de la singularité de The Leftovers dans le milieu des séries actuelles. Oh, et en profiter pour verser quelques larmes en remerciant Damon Lindelof pour ce cadeau inespéré.