C’était en 2006 que DMX avait livré son dernier album studio. Undisputed, littéralement incontesté, voilà un bien drôle de nom pour un rappeur qui a perdu son statut de figure de proue au début des années 2000 car si aujourd’hui Jay-z & Kanye semblent avoir repris le flambeau, les années 90 c’est surtout l’époque où DMX a figuré au panthéon des rappeurs les plus prolifiques de l’Histoire avec environ 20 millions de disques vendus à ce jour. Le succès du rappeur était tant commercial que du point de vue de son talent.
Undisputed n’est pas une énorme surprise puisque l’on retrouve les sonorités qui ont fait les beaux jours du rappeur le plus enragé des States. Quelques morceaux comme I Got Your Back et Cold World empruntent la soul-funk des années 70 à l’aide de samples de Barry White, The Soul Searchers, The Temptations, Eddie Kendricks ou Freddie Jackson. Tandis que le son What They Don’t Know fait familièrement écho au bien connu Party Up (Up In Here). Pas de mainstreaming pour Dog Man X qui dit lui-même I Don’t Dance même si on peut reprocher à ce même morceau d’être le plus faible de cet opus.
Mais alors pourquoi six ans pour la sortie de cet album? Tout simplement parce que, tristement fidèle à lui-même, DMX a passé quelques temps à l’ombre pour de nouvelles accusations qui s’ajoutent à toutes celles auxquelles il a pu être confronté depuis 1998. Avec un casier judiciaire long comme le bras…non plutôt les deux bras, le rappeur a dû s’armer de patience pour pouvoir revenir sur scène. Pendant ces mois de prison, il s’est tourné vers la religion qui a pris une grande place dans sa vie et dans sa musique opérant un virage plus chrétien. Malheureusement, quelque chose nous empêche d’y croire, on n’a jamais pu prendre ses prêches au sérieux avec des accusations de viol, sodomie, possession de drogues, carjacking et j’en passe. Bon sans doute que l’erreur est humaine et que chacun peut trouver le chemin de la rédemption mais le contenu des ses albums ne fait qu’appuyer la thèse du trouble de la personnalité diagnostiqué chez lui il y a deux ans car DMX peut conjuguer sexe, violence, drogue avec religion dans un même album sans délimiter réellement les contours de ses propos, plaçant son discours à la limite de la schizophrénie.
Mais encore, ce nom Undisputed est-il un pur hasard ou fait-il indirectement référence au film avec Wesley Snipes sorti en 2002 dans lequel un champion de boxe se retrouve en prison, obligé de combattre le champion des lieux ? Comme DMX, Iceman, le héros est un champion dans sa catégorie. Comme DMX, il clame son innocence quant au viol dont il est accusé. Comme DMX, il se retrouve en prison pour un moment. Comme DMX, le boxeur ne veut pas perdre son statut de leader face à la concurrence. L’analogie est sans doute involontaire mais je ne crois pas aux coïncidences. Undisputed a mis six ans à voir le jour, pas seulement à cause des troubles judiciaires et psychologiques qui lui ont barré le chemin mais sûrement parce que DMX avait envie de prouver qu’il était le meilleur du rap game actuel. Qu’il n’avait rien à craindre de Jay-Z & co. se permettant même de tacler Rick Ross et Drake qu’ils ne considèrent pas comme des gros calibres. Undisputed le film et Unidsputed l’album ne sont certainement pas des coïncidences de la part de DMX qui savait très bien ce qu’il faisait. Et quoi de mieux qu’un élément du septième art pour faire passer le message car il connaît bien le cinéma le rappeur, lui qui a joué dans es blockbusters tels que Romeo doit Mourir aux côtés de Jet Li et Aaliyah.
Soumis à la critique de toutes parts, pour ses excès et ses révélations choquantes sur les Illuminatis dans l’industrie musicale qu’il accuse de l’avoir coffré pour un an supplémentaire, DMX a ressenti le besoin de mettre les points sur les « i » en postant, en marge de la sortie de l’album, Undisputed Uncut, un documentaire d’une quinzaine de minutes auquel Swizz Beatz, Amare Stoudemire, T.I., Dame Grease, et Machine Gun Kelly ont pris part afin de le réhabiliter.
Dix-sept pistes pour renouer avec le succès, un album qui tente de redonner toutes ses lettres de noblesse au rap, voilà ce qu’est en premier lieu Undisputed. Malgré un opus, un peu plus faible que ce que DMX a pu proposer à ses débuts et après une petite période de disette, on ne va pas faire la fine bouche et apprécier les lyrics furieuses et les sont bien lourds du new-yorkais. Et puis c’est DMX, merde!