En 1979, le rock est mort. Tué par le punk, qui se désintègrera de lui-même en l’absence d’ennemis à combattre.
Cet évènement façonnera 20 ans de musique. La décennie suivante, qui dissimulera son mal-être derrière des strass et des paillettes, jusqu’à ce que ses visions d’horreur remontent à la surface dans les années 1990 pour qu’elles soient finalement banalisées et deviennent ridicules.
Deux albums représentent les prémisses de ces évènements troubles dont les répercussions se ressentent encore aujourd’hui : London Calling et ce Unknown Pleasures.
Après la surenchère des années 1970, l’heure est à l’épure. La basse prend une importance grandissante, la batterie devient parfois monolithique et imite les battements de cœur d’un rythme cardiaque, le son est gorgé d’échos et il y a cette voix. La voix de Ian Curtis, qui a le lourd fardeau de représenter toute une génération déçue par des attentes qui n’ont pas été satisfaites.
Joy Division, c’était donc un son, une ambiance de désolation. Après la furie du punk, il ne reste plus que des ruines et il faudra malgré tout, continuer à (sur)vivre. Mais pour cela, il faut dissimuler ses faiblesses quitte à exploser sans prévenir (« New Dawn Fades ») et c’est ça qui est magique avec ce groupe. Les musiciens jouent comme des robots avec cette section rythmique qui ne s’autorise que de rares échappées instrumentales et la voix de Ian toute en retenue, parvient à transmettre de l’émotion.
Unknown Pleasures est un grand album, mais il n’est pas parfait. Il faudra attendre que le groupe sombre définitivement dans les abysses pour confirmer qu’ils sont parmi les meilleures formations rock depuis piufff… longtemps.
Chronique consultable sur Forces Parallèles.