Arrivent 1989 et Up qui pour moi, est similaire au suicide commercial de Beauty Stab. Pour moi et pour le public également puisqu'il n'a pas suivi, c'est la première fois qu'un de leur album ne rentre pas dans les charts anglaises. Lui et ses singles ne perceront d'ailleurs ni en France, ni en Amérique, obtenant au mieux une 38ème place en Allemagne. Il faut dire que le style d’ABC change du tout au tout, Up n'est rien d'autre qu'un album de House !
Contrairement à Pet Shop Boys qui évolueront avec le genre, ABC n'en est pas vraiment familier. Ils obtiendront donc de l'aide extérieure, allant de producteurs comme Spike Stent (dont le CV de collaborations est trop long pour que je puisse faire un choix de recommandation) au groupe House du New Jersey Blaze, qui produiront le premier single « One Better Love ».
Je tiens à préciser qu'outre ses plus gros hits, je m'y connais peu en House pour que je puisse comparer avec d'autres œuvres, mais ce premier single, comme le suivant « The Real Thing » me semblent assez faibles pour pouvoir promouvoir un album. Le dernier reprend même la rythmique synthétique de « Many Happy Returns » sur ses couplets (qui n'est pas le meilleur morceau de Lexicon, admettons-le), dispose d'un refrain oubliable et est vraiment décousu dans son ensemble.
D'ailleurs, le groupe va dans tout les sens sur de nombreux morceaux, ce qui l'empêche d'être Pop. La House est un style qui permet l'expérimentation et ABC ne se privent pas, on trouve de nombreux passages improvisés, liés au jazz (« Never More Than Now »), au Gospel (« One Better Love »), qui parfois se fondent avec succès dans l'ambiance, d'autres fois avec moins de réussites. En parlant de ça, « Paper Thin », même s'il s'agit sans aucun doute d'une belle ballade, inspirée par Bowie, dénote totalement avec le reste de l'album.
La voix de Fry peine aussi à convaincre en tant que chanteur House, souvent forcée, comme sur « Never More Than Now » qui ouvre Up. Il arrive même que les chanteuses ou d'autres passages synthétiques qui l'accompagnent ne soient pas convaincants, mal placés au niveau du mixage. Puis ne parlons pas des paroles, déjà clichés au possible, même à l'époque, prônant rien d'autres que la paix et l'Amour, dont ma citation préférée sera « Where the Hell is the Heaven » ? Ouais…
Il reste pour moi deux bonnes compositions qui sortent du lot sur la seconde moitié de l'album : - « North », un morceau dansant ensoleillé où le duo vocal nous offre le meilleur refrain mélodique de la galette, les claviers martelant un rythme typique, efficace et les cuivres sur la fin amplifiant le plaisir. - « The Greatest Love Of All », qui a le petit plus House qui manque aux autres titres ; un gimmick au synthé répété comme un sample et dont chaque réapparition est accueilli avec joie, plongé dans cette ambiance de club jazzy.
Up a, avec le temps, appris à être plus apprécié par les fans, certains le considèrent même comme un de leurs meilleurs. Et c'est vrai qu'il ne manque pas de qualités, tout en permettant au duo de se renouveler, leur période Chic devenant redondante. Oui, il souffre de nombreux défauts mais ce changement d'air était nécessaire. Il mettra sans doute plus de temps à être apprivoisé que leurs précédentes sorties, moi-même ayant attendu plusieurs écoutes avant d'en apprécier les saveurs, mais pour les fans du groupe, comme pour les fans de House, les deux mondes se réconcilient ici, cela vaut la peine d'essayer.
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