V . Halmstad
7.8
V . Halmstad

Album de Shining (2007)

Alors, pour commencer, si vous êtes une personne heureuse, émotionnellement comblée, n'écoutez pas cet album... Du moins, pas maintenant. Sinon, vous ne ressentirez rien.


Cet album n'est pas triste, il est bien plus. C'est la description parfaite d'une haine extrême que nous fait ici Niklas (le chanteur), une haine a plusieurs niveaux, de l'exclusion sociale jusqu'au désespoir le plus profond.


Dés le premier titre(Yttligare ett steg närmare total jävla utfrysning), Shining nous plonge dans une ambiance sombre, avec des riffs assez plats, mais cependant entraînants. Et puis on découvre la voix du chanteur, spéciale... Ce n'est pas hurlé, ce n'est pas guttural, ce n'est pas clair... c'est le juste milieu, une voix obscure et torturée, et même mélancolique dans le passage doux de la chanson.
Niklas nous parle ici de l'exclusion, de la difficulté de vivre dans cette société, de respirer cet air que cette dernière nous oblige à respirer. Et déjà il prie pour la fin de cette vie. Déjà, au premier titre... cela donne un avant gout de ce qui va suivre.


La deuxième chanson de l'album (Längtar bort från mitt hjärta) commence par une mélodie à la guitare, qui atteint le plus profond de nous même, directement au coeur. C'est beau, c'est triste, c'est puissant. S'en suit l'arrivée de cette haine, plus prononcée, caractérisée par un riff intense. Cette haine qui s'affirme plus que dans le premier morceau, étant donné que Niklas nous partage sa volonté de tuer d'assassiner, de faire mal, en insistant sur sa folie.
Le solo de guitare reflète la douleur ici présente. L'atmosphère y est lourde, la guitare grinçante, les mélodies transcendantes.


Arrive le chef-d'oeuvre de l'album, l'apogée de la douleur physique et morale (Låt oss ta allt från varandra)
Le riff principal est pesant, le chant encore plus torturé, rempli de haine et de mal-être.
Et puis, arrive LE passage le plus difficilement soutenable de l'album. Cette jeune femme qui pleure, qui se déteste. Elle est accablée, elle veut en finir. Et ça touche, ça fait mal. L'orgasme même de la dépression. Mais c'est beau. C'est tellement beau, qu'on veut réécouter cette minute en boucle.
Le chant est plus posé après cette épreuve, histoire de retrouver nos esprits, pour laisser place à un solo de guitare magistral.
L'atmosphère de l'album est, dans ce morceau, représentée entièrement. Une haine physique et psychologique, racontée par des mutilations, un certain sadisme, et une géhenne accablante.


Le prochain titre (Besvikelsens dystra monoton) est violent. Le riff est lourd, rapide, entraînant, et omniprésent. Ici, Niklos hurle de déception. Les paysages, les gens.... le monde est décevant. Et cette déception est devenue monotone, habituelle. La lourdeur et la répétition du riff exprime la fatigue, l'exténuation provoquée par cette constante déception... Comme si le monde ne nous réservait plus aucune surprise.


L'avant dernière chanson (Åttiosextusenfyrahundra) est une entracte au piano, mélancolique. Shining nous laisse le temps de souffler avant le dernier morceau, presque aussi beau que le troisième.


Ce dernier morceau (Neka morgondagen) est assez différent des autres. Le riff est beau, et le chant laisse apparaître une magnifique mélodie. Arrive un solo court, mais à couper le souffle... Il est triste, mélodique, beau... tout simplement parfait.
Cette chanson fait office de conclusion à toute cette haine. Tout y est : la peur, ta tristesse... mais cette douleur éternelle, qui sans cesse nous plonge dans une obscurité totale, reste néanmoins dominée par la haine, avec des hurlements plus que convaincants, faisant contraste avec le chant mélodieux.
Et puis, c'est la fin. Comme ça, direct. Une fin brutale, inattendue, décevante, insignifiante. Comme cette vie que Shining nous décrit tout au long de l'album.


On pourrait classifier cette album comme du black metal dépressif. Mais ici, on ne pleure pas par pitié. On ne pleure pas parce que cette vie est infiniment triste. On pleure, parce que Niklas nous fait du mal. Il a tout perdu, à cause du monde qui l'entoure, et il a la haine. Il va inévitablement sombrer, mais ne veut pas sombrer tout seul... alors il nous attrape, nous accable de toute sa haine, et nous entraîne au fond avec lui.


https://www.youtube.com/watch?v=bjPqsDU0j2I
Ça, c'est pour se remonter le moral après cet album :)


(Ps:) Ah oui, et la pochette, c'est une femme avec un flingue dans la bouche ;)
(Ps:)² Et le titre de la critique, c'est de l'ironie

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le 6 juin 2016

Critique lue 896 fois

35 j'aime

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McWooze

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