All the good ones?

Après le très intéressant et inattendu album sans guitare OK Human, le très attendu et très repoussé Van Weezer marque la deuxième sortie de l'année pour Weezer, groupe mythique de power pop américain des années 90.

Malheureusement, vous l'aurez remarqué, je n'ai pas repris le terme "intéressant" pour cet album, qui est loin des jolis arrangements de cordes venant s'ajouter au son typique de Weezer découverts dans OK Human.
Et c'était tout à fait attendu, Rivers Cuomo, le leader du groupe, avait prévenu dès 2019 qu'il travaillait sur un album "hommage" au hard rock de stade des années 80.

Autant vous dire que ça ne m'avait guère emballé, n'ayant jamais aimé des projets musicaux dont l'objectif principal est d'être joué dans des stades et considéré le hard rock des années 80 comme une période sans intérêt musicalement.
Il est également important de souligner que Van Weezer était la plus attendu des deux sorties de cette année qui devait être agrémentée d'une tournée en grande pompe avec Green Day; les deux événements ayant été repoussés par le Covid.

En écoutant Van Weezer, ma première réaction a été une certaine surprise "mais ça ressemble à un album classique de Weezer en fait, où sont les influences hard rock?"
Puis je me suis dit que j'étais con et que Weezer, en fait, avait toujours eu ces influences : centré sur la power-chord avec de l'énergie, du flashy et des paroles aux thématiques variés comme le sexe, la drogue et les femmes, le succès.

Globalement j'aurais pu m'arrêter là; l'album n'est pas ennuyeux, l'homogénéité des chansons et l'énergie qui transpirent d'un album relativement court (31 minutes) rendent l'expérience pas désagréable et les fans du groupe y trouveront leur compte avec le son typique de Weezer (sans relief certes mais présent quand même).
On comprend et retrouve bien l'inspiration marquée de groupes comme Van Halen avec les codes classiques du genre dans les différentes chansons : accords de guitare, batterie claire et puissant... Le délire est même poussé plus loin avec des bruitages de clap dans l'une des chansons pour bien montrer que cet album est fait pour être joué dans des stades.
Manque simplement l'épaisseur que pouvait avoir les historiques du genre.

Mais j'avais quand même envie de souligner une légère inquiétude (si tant est qu'il y ait encore un intérêt à s'inquiéter pour ce groupe). Rivers Cuomo en abordant ces thèmes semble avoir perdu ce côté comique et second degré qui faisait la force du groupe dans son approche. Contrairement aux premiers albums du groupe où il pouvait parler de son obsession pour les filles ou de la folie du succès avec un certain détachement, ici tout semble pris au premier degré et sans recul sur leur signification.
Hero par exemple aborde le thème du succès et de la volonté de laisser une trace, mais sans se questionner sur le pourquoi du comment de l'apparition de ces sentiments et leur bienfondé, comme il aurait pu le faire par le passé.
Cette caractéristique de leur musique a toujours été essentielle pour moi (comme elle l'est dans la musique emo). Il était acté depuis longtemps que Weezer était capable du pire dans ses sorties successives depuis Pinkerton, mais on pardonnait au groupe car Rivers Cuomo savait maintenir ce second degré si important

Pour finir quel est l'intérêt de cet album? Difficile à dire, d'autant que le groupe a eu un an de plus pour apporter d'éventuels ajouts à l'album à cause du covid, ce qui est un luxe quand on sait le délai souvent contraint exigé pour des nouvelles sorties.
Il faudra maintenant voir si Weezer souhaite emprunter la voie ouverte par OK Human, ou continuer dans la voie Van Weezer et être rangé définitivement dans la catégorie de groupe de stade.