A quand faut-il remonter pour entendre un chanteur superstar se mettre autant à nu? Quinze ans plus tôt sans doute, Marvin Gaye et son douloureux mais néanmoins superbe Here My Dear? Très vraisemblablement. Considéré comme son chant du cygne, Vauxhall and I de Morrissey en sera pourtant la résurrection artistique, un autre aboutissement après le succès des Smiths.
Superbe de bout en bout, le sommet est atteint parce qu'il témoigne d'un état d'esprit, d'une sincérité, d'une subtile arrogance rendant le personnage non pas pathétique mais justement empathique. Il n'y a pas grand chose de bien drôle ici, sauf sans doute certaines mélodies et riffs puissants et accrocheurs qui font de Vauxhall and I un grand album de rock. Un grand album traversé de boucles sonores folles (I Used to Be A Sweet Boy et ses choeurs pompés par Oasis), de nappes qui grondent fort (Now My Heart Is Full), des riffs et gimmicks dignes de l'époque (Hold On To Your Friends), une base vocale pour tout Tranquility Base, Hotel & Casino (Lifeguard Sleeping), un déchirement sonique qui clôture un des chefs d'oeuvres de la musique britannique.