Années 90 : une nouvelle vague de métal gothique apparaît emmenée le plus souvent par des chanteuses. Ainsi beaucoup de groupes de ce genre à voix féminines/masculines surfent sur la vague nouvelle, celle-ci apportant alors indéniablement quelque chose de neuf au métal ; dans le lot on eut droit à plusieurs bons albums, mais au final deux groupes ont surnagé : The Gathering (un peu différent musicalement parlant, plus atmosphérique, planant et avec juste une chanteuse) et Theatre of Tragedy le groupe qui a popularisé le style qui verra apparaître Tristania, After Forever, The Sins of thy beloved, Within Temptation, Darkwell, On Thorns I Lay, Lacuna Coil, Epica...(TOT peut être considéré comme le pionnier du métal à chant alterné et/ou superposé mixte).
« Velvet darkness they fear » sorti en 1996 est le second et meilleur album de Theatre of Tragedy (après le premier album éponyme déjà prometteur, chroniqué et noté ici même 8/10), l'album de la consécration pour les norvégiens.
L'alchimie entre les voix est ici parfaite pour l'un des meilleurs albums de métal gothique : les voix sont sublimes (féminine éthérée et masculine gutturale), les compositions entre gothique et doom/death.
Avec un côté lyrique très présent dans les compos ce qui en fait sans doute l’album le plus abouti du genre.
Le violon les synthés et surtout le piano sont très bien utilisés, le piano dont chaque note tombe comme des gouttelettes de pluie.
Car ici tout est magnifiquement composé et orchestré (le groupe entier est crédité mais c'est le pianiste / claviériste Lorentz Aspen qui est le compositeur principal).
Beaucoup de groupes, autant métal que new-wave, refusent l'étiquette de gothique mais là le terme colle vraiment à la musique : du vrai métal gothique (mélangé certes à des influences plus doom/death) mais celui est bien présent (également dans les textes et les thèmes des morceaux, le look, la pochette…).
Dès les premières notes de « Fair and guiling copesmate death » on rentre dans le vif du sujet : piano, voix féminine éthérée de Liv Kristine, violon, gros riffs de guitare (même si les guitares restent en retrait, ici pas de démonstration technique ou de solos), voix masculine grave ou gutturale de Raymond J Rohonyi : « la belle et la bête », « la glace et le feu » on a tout dit et écrit sur ce duo de vocalistes qui a influencé tant de groupes.
Liv Kristine est de tout façon l'une des trois meilleures chanteuses de métal il n'y a même pas débat à avoir car sa voix a des intonations tellement sublimes et féérique qu’elle n’a pas besoin de s’étaler sur plusieurs octaves.
Les voix se succèdent, se superposent ou se répondent mais Theatre of Tragedy est à mon avis le groupe qui maîtrise le mieux le sujet
Les ambiances sont alternées à merveille entre la facette death et celle plus atmosphérique.
C’est grandiose, magistral, beaucoup de nostalgie, de tristesse ; c’est d'une grande beauté, d’une beauté à couper le souffle, plus mélancolique que véritablement sombre d’ailleurs. Une musique et des voix habitées par une passion qui le frisson.
Le rythme est lent mais sans être lourd, les morceaux durent entre 5 et 8 minutes.
Les meilleurs titres hormis « Fair and guiling copesmate death », sont « Der Tanz der Schatten (avec un chant en allemand où l'influence de l'opéra germanique et notamment wagnérien est évidente, un chant époustouflant où on atteint le sublime, la grande pièce du disque), là où les voix font merveille puis « Seraphic Deviltry », « And when he falleth », « Black as the devil painteth » et « The Masquarade and Phoenix » pour son final.
Des morceaux qui vous emportent très loin vers des horizons inconnus et magiques, envoûtants.
Ensuite le groupe évoluera vers un autre style plus électronique (avec le néanmoins très bon « Musique ») jusqu'au départ de la chanteuse...puis une résurrection avec une nouvelle vocaliste et enfin l'arrêt final en 2010.
8,5/10 arrondie à 9/10


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le 14 nov. 2019

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