Thérapie pour Enfer vécu

Interview de Anders Ekström: http://www.creative-eclipse.com/file/interviews26.htm
Clip de Diablo: http://www.youtube.com/watch?v=Qv9yCt5v3kI
Live Diablo: http://www.youtube.com/watch?v=Y4zYoaIY8Nw le son est vraiment naze mais que voulez vous...
Ici vous verrez Breach détruire leur matos sur scène: http://www.youtube.com/watch?v=vWj04SBjb_c

Ici, un site où vous pourrez acheter à moindre prix Cd et Vynil du groupe dont la monstrueuse réédition de Kollapse avec un bonus track du feu de dieu: http://www.discogs.com/artist/253139-Breach

Ah, Venom de Breach... En voilà un album lourd de sens. A l'écoute d'un album de cette trempe, on entend bien que la sueur a coulé autant que les larmes et le sang. En parcourant le net pour rencontrer des interview de la bande, on se rend compte que les gars de Breach sont loin d'être des comiques: laisser l'ironie, l'humour, la blague et le second degrés, tout cela est irradié. Dépressifs, sombres à l'extrême et habités par une rage profonde et destructrice, les mecs de Breach ont le mal de vivre (et on les comprends!), leur musique transpire une gène permanente, on sent le caillou dans la chaussure. Pourtant à l'écoute de leur musique, ce n'est pas une corde que vous allez trouver au fond de votre esprit mais la force de vous relevez, au contraire. Ces mecs ont eu assez de recul sur leur mal être pour l’expulser, l'assumer afin de le transformer en une énergie sombre mais positive: leur musique est un exutoire total, on se sent accompagné dans sa propre pénombre mais avec toujours cette petite voix (ici assuré par un groove et un sens du rock'n roll que Lemmy n'aurait pas renié) qui vous murmure "Lève-toi et avance".

Les musiciens de Breach compte parmi ceux qui, avec le temps, ne s'adoucissent pas: leurs derniers projets sont enfoncés aux creux de l'Enfer cérébrale. Je précise ce dernier point car point de satanisme pour Breach: juste du réel, du concret : personne ne cherche d'explication hasardeuse à la pénombre qui recouvre notre monde: juste l'Homme et ses faiblesses.

Pour vraiment apprécier un album de la trempe de Venom, mieux vaut avoir déjà un peu de vécu. Un exemple qui pourrait parler aux plus grand nombre d'entre vous qui par hasard s'intéresserait à lire une critique sur un des albums les moins écouté de la planète? Saint Anger de Metallica, imaginez le même état d'esprit sauf qu'il ne s'agit pas crise d’ego de la part d'un musicien qui a attendu bien trop longtemps avant de se regarder dans une glace et se remettre en question mais de 5 lascars qui malgré toute la bonne volonté du monde, regarde atour d'eux et pensent :"non, ya rien à faire, sa sent la pisse sur cette planète".

Certains enchaînent les dépressions, d'autres ne réalisent pas à quel point leur musique compte jusqu'à dire "C'est vraiment parce que certains se sont mis à genoux mais l'idée de jouer à l’étranger ne m'a jamais traverser l'esprit ni fait envie" Un des membres du groupe.

Chaque note de cet album: que se soit la batterie, la basse (monstrueuse au passage), le chant ou les guitare, absolument rien ne laisse de la place au relâchement de l'esprit, à la détente, à la passivité. Les mecs de Breach seraient des Bouddhistes qui auraient compris que "Paix et sérénité", ça va 5 minutes après le café le dimanche après-midi en cette fin de siècle. A force d'être passif et de se dire "de toute façon c'est comme ça", les prochains Hitler se bousculent au portillon du pouvoir pour reprendre le flambeau.

Pourquoi plus Breach qu'un autre groupe? Parce que Breach ont les pieds ancré dans la réalité, le dur, le béton gris et la déforestation. "Et les gars, on se fait un morceau un peu funk juste pour le fun?!" "Et les gars, on fait une chanson en gloire à la fellation Gay?!", voilà le genre de questionnement que vous n'auriez jamais entendu en studio à l'époque où Breach enregistrait Venom (et le reste). "Mais comment faire pour sonner de la manière la plus sincère qui soit?", voilà plutôt le genre de question qui perturbait les artistes.

"Diablo", vous permettra de respirer un peu, surtout après un "Heroine" terriblement lourd et lent. Puis "Common Day" "sabbat" sur nous comme une armée de Tank allemand le ferait, Hiroshima va attendre encore un peu. "Path of conscience" n'est pas loin de vous achever, ceux qui hésitez encore à sortir le disque de leur platine devraient le faire ici. "Game in Vein" et ces 4 minutes de Hardcore décousu, avec des solos et des break improbable vont en perdre plus d'un: complexe et difficile d'accès mais c'est un des morceaux qui se dévoile le plus au fil des écoutes, à ranger à côté d"Héroine" ne laissant la place à rien d'autre que la colère et la puissance de l'orage en fin de l'album... "Pleasuredome" vient ajouter une nouvelle couche de Hardcore au rythme lourd, pesant, insupportable mais approchant de l'orgasme musicale quand seule la basse et la batterie (à 1 min 35) coupent le morceau en deux pour laisser un final apocalyptique clore cette apologie de la mort ( en début de chanson, vous vous êtes réveillez avec votre femme morte à vos côtés et une lettre au courrier vous annonçant votre mort).

"Black sabbath", c'est le côté sombre de Diablo: encore cette basse dantesque à la Trujillo. A 2 min 56, le morceau prend une envolée limite ambiante avec ce riff hypnotique et et ce sample electro en fond de scène sonore.

On le voyait venir de loin ce gros cumulonimbus chargé d'énergie électrostatique et de vent violent annonçant tornade et grêle de la taille d'un Kiwi. Guitare dissonante, batterie militaire, une voix hurlée, mais à tel point qu'on peine à imaginé un être humain au micro. Et ce final qui ravage tout, une minute avant la fin du morceau, comme un uppercut sortit de nul part. Et c'est pas fini...

"Penetration" L'oeil du cyclone, on constate les dégâts laissés par le tempête... Quand la musique s'arrête, c'est trop tard, au fond de vous, s'est installé la rage dépressurisée de Breach. Vous rangez Venom, insérez Kollapse à la place... et la tempête revient.