On avait été séduits par le retour aux affaires de notre cher Dominique A avec son doublé "la Musique / la Matière", on est estomaqués par la puissance de son "Vers les Lueurs", sans doute le sommet à date d’une "œuvre" aussi remarquable que désormais célébrée : l’assurance vocale de Dominique, la netteté de ses mots – oserais-je le terme de poésie de combat ? -, la force de ses constructions musicales, qui semblent éclore dans toutes les directions sur cet album, tout en gardant une cohérence qui est celle des (vrais) grands artistes, l’intelligence absolue d’une interprétation conjuguant un rock intense et tendu – la tension a toujours été l’une des forces exceptionnelles de Dominique A, on le sait, et les années ne l’ont pas érodée, bien au contraire – et le souffle d’un classicisme pour une fois bienvenu, apporté par le support exquis et souvent surprenant d’instruments à vent, plus une poignée de chansons accrocheuses qui devraient attirer l’attention du public, tout est ici parfait. Mais le plus beau de tout, pour moi, c’est cette inspiration que je qualifierais de clairement "mansetienne", cette rage butée, à la fois électrique, terrienne et pourtant éthérée, qui se manifeste ci et là, et fait littéralement décoller le disque vers des sommets rarement atteints par des artistes français : oui, "Vers les Lueurs" se place comme l’un des albums désormais incontournables du rock français, mais surtout comme l’une des expériences intimes les plus fortes de cette année. [Critique écrite en 2012]