Comment Elton a-t-il pu s’embarquer dans une telle galère ?! Nous sommes en 1979 et Elton nous sortait ce qui est, sans grande hésitation, son plus mauvais album et de loin. Un naufrage total dans lequel rien n’est à sauver. Ca me fait vraiment mal de dire ça car j’adore Elton et j’ai forcément en tête ses chefs d’œuvre des années précédentes, Goodbye yellow brick road, son 2e album éponyme de 1970 avec My Song, Captain Fantastic, Madman across the water, des classiques indémodables, des albums remplis de chansons entrées au Panthéon du rock, tout simplement. Mais à la fin des années 70, Elton est en petite forme, ses addictions sont multiples et même son complice/alter ego, Bernie Taupin, avec qui il avait signé tous ses tubes, est parti vers d’autres horizons depuis 1976 (et ils ne se retrouveront que très ponctuellement durant les années 80). Elton, influencé par le son disco de l’époque (la grande époque de Donna Summer par exemple…), a l’idée de s’associer avec Pete Bellotte, le bras droit de Giorgio Moroder qui avait connu un succès mondial avec Donna Summer justement. D’où cet album d’« Eurodisco », une abomination pour mes oreilles et je pense pour beaucoup de fans d’Elton (même si certains avis très positifs me laissent dubitatifs !!!). Le journaliste John Tobler qui signe les notes de livret en 2003 parle d’un « album expérimental », là, il faut bien se pincer le nez pour ne pas exploser de rire ! L’album est enregistré à Munich, là où est basé Bellotte et des rajouts seront faits à Los Angeles. Car Elton s’entoure d’une équipe de luxe : Marcus Miller tient la basse, Paulinho Da Costa est aux percussions, Steve Lukather à la guitare et dans les chœurs, on trouve rien de moins que Michael McDonald et Pat Simmons, 2 membres des Doobbie Brothers à cette époque ! Et pourtant, rien ne sonne, ou plutôt tout tombe à plat, un son uniforme sur des morceaux sans intérêt signés entre autres par Bellotte. Mais c’est le seul album sur lequel Elton n’a signé AUCUN des 7 titres, quelle tristesse, lui qui est un génie de la mélodie, son inspiration est en berne…Et dès le début, on sait que cet album va être catastrophique puisqu’il commence par une reprise calamiteuse de Johnny B Goode, version disco, c’est la triste ambiance de ce disque qui ne donne même pas envie de danser…Voilà, rien d’autre à dire qu’éviter cet album, il y a tant de merveilles à écouter dans la discographie d’Elton (Rocketman, Tiny Dancer, Saturday Night, Candle in the wind…). Ce Victim of love a été un échec commercial sans surprise, il n’a jamais décollé dans les classements, au contraire et Elton n’a jamais fait pire, heureusement, mais les années 80 seront quand même difficiles (quelques tubes mais des albums très médiocres). Cet album ne figure même pas dans la série des rééditions remasterisées avec bonus sortie à la fin des années 90, « The Classic Years » et je pense que ça ne doit rien au hasard. Il faut attendre 1989 et Sleeping with the past pour retrouver (enfin !), le Grand Elton, délivré de ses addictions et retrouvant l’inspiration aux côtés de Bernie Taupin. J’ai mis une étoile à défaut de ne pouvoir en mettre aucune. On lui pardonne facilement ce faux pas de 1979 et, comme lui, on l’oublie pudiquement.