VICTORY (1984) est le quatrième album studio des Jacksons. Faisant suite au diamant TRIUMPH (1980), il est aussi le plus décevant. Le plus décevant parce qu'après ce dernier disque et le succès solo et planétaire de Michael Jackson avec THRILLER (1982), tous les espoirs d'un nouveau chef-d'œuvre de musique pop étaient permis, or il n'en fut rien.
Ici, la production est marquée par la mode de son époque, résolument tournée vers la musique électronique : Boîtes à rythme et synthétiseurs sont les arrangements principaux de l'album. Nous retrouvons entres autres la boîte rythme LinnDrum, des synthétiseurs divers (pour les basses et l'habillage en général) mais aussi des guitares électriques et quelques rares cuivres. Coté musiciens, il y a de nombreux noms connus, dont certains ayant été de la partie sur THRILLER (1982) : Steve et Jeff Porcaro (synthétiseurs, batterie), Steve Lukather (guitare), Louis Johnson (basse), Paulinho da Costa (percussions), David Paich (synthétiseurs), Jonathan Moffet (batterie), Jerry Hey (cuivres), entres autres. Par ailleurs, chaque frère Jackson a son titre à lui.
L'album commence très bien avec Torture, écrite par Jackie Jackson. Le mariage entre les choeurs, les sons de synthétiseurs et la guitare électrique pose une ambiance unique et donne à voyager à notre imagination. Une musique qui aurait très bien pu habiller une scène de film cyber punk post-apocalyptique.
S'ensuit Wait de Jackie (et David Paich), une production entraînante, au tempo rapide et riche, entres autres, d'une boîte à rythme LinnDrum, d'une basse synthétique, de guitares saturées, de cloches synthétiques et d'un piano rebondissant. L'accroche vocale (notamment le refrain) assurée par Jackie et les énergiques passages vocaux de Michael Jackson en font une excellente chanson et la meilleure de l'opus.
Hélas, à partir de la troisième piste, l'album tombe complètement à plat et enchaîne les titres anecdotiques comme une équipe de football enchaînerait les défaites jusqu'à la conduire dans les abîmes de la relégation. Cela commence avec One more chance, une ballade accessoire de Randy Jackson vêtue d'une boîte à rythme LinnDrum sur laquelle sont brodés un clavier DX7 de Yamaha (sorte de piano Rhodes synthétique typique des années 1980) et des voix lancinantes.
Be not always est une autre ballade, plus lente encore, assurée par Michael Jackson. Guitare acoustique et violons soutiennent la voix du chanteur. Du coup, ç'en fait le seul titre sans matière électronique. Le titre intrus. Sauf si l'on aime se laisser porter par les émotions vocales, le morceau se zappe assez facilement.
S'en vient ensuite le plus gros succès commercial de l'album, State of schock, un duo choc qui fait ploc sur la véranda. Avec sa quasi même boucle sur quatre minutes et un Mick Jagger horripilant à écouter (et carrément dégueulasse sur la fin), la chanson est très vite lassante. Cependant, les voix de Michael et du chanteur du très insignifiant groupe The Rolling Stones se marient bien.
La production de We can change the world, avec sa guitare rythmique entêtante et ses divers passages synthétiques, est plutôt agréable. En revanche, il n'y a pas de véritable accroche, ni musicale ni vocale. La chanson s'oublie dans la seconde où son écoute est terminée. Ici, Tito Jackson n'a pas su dépasser sa vocation première : la guitare. Et c'est la même chose pour le titre suivant malgré la bonne basse frappée, The hurt, signés entres autres par Michael et Randy, et chanté par ce dernier avec une voix haut perchée rapidement agaçante. Enfin, l'album se clôture avec Body de Marlon Jackson, chanson fraîche de prime abord (grâce à l'utilisation de ce qui ressemble à un steel-drum synthétique sur le refrain, instrument caribéen) mais tout aussi oubliable que les précédentes.
Note : 5/10. Mis à part Torture et Wait (signées Jackie Jackson), cet album n'a à peu près rien pour lui. Surtout qu'il s'agit des Jacksons et qu'il est plus difficile d'être indulgent avec eux compte tenu de leur glorieux passé musical. Comme bons titres, nous pourrions tout de même ajouter State of schock qui, en étant objectif, possède une efficacité certaine et Be not always pour ceux qui apprécient le chant pour le chant. Ancré dans son époque plus qu'aucun autre disque des Jacksons, son plus gros point faible réside dans sa qualité intrinsèque. Il y a trop de chansons anecdotiques.
Par ailleurs, l'année 1984 étant celle de la famille Jackson, si VICTORY (1984) nous laisse sur notre faim, rien empêche d'aller titiller notre curiosité du coté des sœurs avec les albums DREAM STREET (1984) de la benjamine Janet, CENTIPEDE (1984) de l'aînée Rebbie et HEART DON'T LIE (1984) de la pestiférée LaToya. Ou celui de Jermaine, DYNAMITE (1984).