Voilà quelques mois qu’on attendait avec impatience ce nouvel opus. Après avoir assuré une promo perturbée par quelques fuites, il est enfin arrivé. Drake pose son Graal tranquillement avec Views au milieu de tout ce remue ménage que nous imposent les Beyoncé, Rihanna, Kanye West et compagnie.
Drizzy n’a plus grand chose à envier à ses camarades. Après avoir été véritablement lancé par le label de Lil Wayne, Young Money, en 2009, aujourd’hui l’élève a dépassé son maître. A la tête d’un petit empire qui ne cesse de s’étendre, le canadien prend de la hauteur au sens propre comme au sens figuré. En effet, d’après la couverture de ce nouvel album que l’on vous présentait il y a quelques jours, le jeune homme se trouve perché sur la tour CN en plein cœur de sa ville adorée.
A fleur de peau
Assis là à contempler Toronto, il semble intouchable tout en dominant la population. Instinctivement, on imagine qu’il aspire à de plus vastes projets qui s’ajouteront à ce nouvel album intitulé Views. Parlons un peu plus de ce LP qui attire des critiques globalement positives par l’ensemble des médias ainsi qu’au sein de notre rédaction, car même si il est vrai qu’on retrouve par moment des sons et un style redondant, il faut une dose de mauvaise foi de ne pas lui attribuer une bonne note pour cette pépite qu’il qualifie lui même de classique dans son titre « Hype ».
Comme le décrivait l’artiste canadien, ce projet a été conçu à partir du cycle saisonnier de Toronto. Il revisite les quatre saisons et nous les retransmet en musique. On entame Views avec « Keep The Family Close » comme chanson d’ouverture et là… c’est la claque ! Alors, les admirateurs qui connaissent le travail de Drake depuis 2006 diront sûrement que que ces dernières années,sont placés sous le signe du mignon, et bien OUI figurez-vous, sauf qu’aujourd’hui ça plaît aussi aux mecs !
Il fait donc de la musique pour tous et annonce la couleur d’entrée de jeu en posant sa voix de canard (sans aucun doute la plus acceptable et la plus mélodieuse de toutes les voix de canard) sur une production composée par Noah « 40 » Shebib, sans doute aidé d’un orchestre. On se croirait plongé dans le générique d’un James Bond à l’écoute de ce premier extrait qui sonne comme une remise en question et un avertissement à la fois. La promenade hivernale se poursuit avec un chiffre, qui représente l’influence de sa ville, en guise de titre. « 9 » s’inspire en partie du morceau « Dying » de Mavado et Serani, offre deux superbes notes de synthé qui font basculer cette production dans une nuance brumeuse.
Drizzy n’a jamais caché son coeur tendre et une sensibilité attendrissante qu’on a toujours retrouvé dans sa musique. Il ne change pas et continue d’exposer ses doutes sur les réelles intentions de ses partenaires avec « U With Me« . Une pointe de tristesse flotte sur ce morceau accentué par un instant de colère monté en crescendo, qu’on oublie rapidement grâce à notre premier coup de coeur, « Feel No Ways« . Le jeune homme continue de parler des femmes, et d’une en particulier, qui a tendance à faire passer son travail avant le reste. Il nous plonge dans son état d’espérance ce qui fait écho sur nos propres rêves irréalisables grâce à cette production dynamique et virtuelle réalisé par Jordan Ullman.
Prise de contrôle
Malgré tout, le natif de Toronto garde les pieds sur terre et revient à un flow qu’on lui connaît bien avec « Hype » sur lequel il en profite pour tacler ses adversaires. On pense bien évidemment à Meek Mill avec qui il est en beef depuis plus d’un an.
Il les balaie en à peine trois minutes et trente secondes et se laisse aller à la nostalgie en poussant sur un sample de « Mary’s Joint« de Mary J. Blige. Dédicace à sa ville d’enfance sur le titre « Weston Road Flows » indéniablement l’une des plus belles reprises de cet album. On traverse calmement « Redemption » avant d’atterrir sur notre deuxième coup de cœur auditif qui est « With You ».
La femme, encore et toujours
Drake repart dans ses histoires de nanas et cette fois-ci il le fait en compagnie de PARTYNEXTDOOR, sur une prod’ de Nineteen85. Mais le must c’est Jeremih qui s’insère pour peaufiner cette ambiance printanière et sucrée. Le chanteur pose son jeu de voix sur seulement un refrain pour nous rendre complètement accro au point de se réécouter son passage dix fois de suite. Toujours dans un esprit R&B on s’arrête un moment sur « Faithful ». Même si Drake a tendance à ressasser ses préoccupations concernant ses conquêtes, le jeune homme de bientôt 30 ans récupère un couplet de Pimp C et invite un autre de ses petits protégés, le chanteur Daniel Daley du duo DVSN, le temps de nous gifler avec sa note aigue.
Hop là, on revient à un rythme plus masculin avec « Still Here » qui nous rappelle le beat de « Starting From The Bottom ». Dans un semblant de rap, Drake chante plus qu’autre chose sur un texte écrit en partie par Lil Wayne. Changement de saison, la tiédeur se fait sentir sur « Controlla » que l’on connait déjà, suivi de prêt par « One Dance » dévoilé il y a quelques semaines également. On ne vous cache pas qu’à la minute où on écrit ces mots notre bassin se déhanche sur les pulsations de cette vague de chaleur portée par Kyla et Wizkid. Drake boit l’essence de la culture caribéenne qui semble désormais encrée en lui et qui est d’autant plus renforcée par son duo avec Rihanna, « Too Good » qui propose un son frais et ensoleillé.
Entre ces instants chaleureux on retrouve « Grammys » qu’il partage avec son acolyte, Future. Malgré le manque d’originalité, le tout reste efficace grâce aux répétitions des lyrics de son ami et à une prod’ lourde, il faut le reconnaître. On enchaîne sans trop tarder avec « Childs Play » qui nous avale littéralement avec son climat sec qui joue sur les tempos rapides et lents dans un contexte sexualisé.
Fin de saison
On arrive sur la piste 15 qui est « Pop Style » et que l’on connaît aussi, dévoilée le même jour que « One Dance » celle-ci est beaucoup plus sombre et fermée et semble avoir été réalisée à la va-vite. On passe et on arrive sur l’un des plus beaux interludes qui nous permet de redécouvrir le charme de cette entracte mielleuse et envoûtante mis en valeur par la voix aux allures soul de Majid Al Maskati et écrit également par lui. On aimerait que le plaisir dure encore et se transforme en un vrai titre.
Vous l’aurez compris, on revient en hiver ou peut être en automne, le rythme ralentit, le soleil se couche, les feuilles tombent lentement et on se laisse bercer par les battements de « Fire & Desire » qui sample « I Dedicate » de Brandy. Bien mené, on se pose sur la 19ème piste que l’on considère comme le titre final puisqu’il est suivi par « Hotline Bling » que l’on connaît par cœur. « Views » ,éponyme de l’album, est un avant dernier jet qui sonne comme l’ultime danse qui promet un bel avenir mis en valeur par la reprise hommage du quatuor The Winans, « Question is » sur lequel Drake ne manque pas de se pavaner fièrement en clôturant son speech par : "si j’étais vous, je ne m’aimerais pas non plus" !
Drake peut se vanter de son talent et surtout d'un entourage en or composé de superbes talents, qu'il n'hésite pas à mettre en avant sur ce Views. Il a laissé ses poulains de Ovo apporter leur identité que l'on reconnaît aisément à l'oreille. Drake ne cache pas non plus ses sentiments et surtout son émotivité sur cet opus qui remet au goût du jour les talents de chanteur du canadien malgré les sujets un peu trop répétitifs. Il propose ses quatre saisons à lui, comme il les ressent, comme il les vit, et il faut dire qu'il s'adapte parfaitement aux périodes chaudes.
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