Virtual Maiden
Trois ans après The X Factor, on reprend les mêmes, et ce n'est pas mieux. Je n'ai toujours rien contre Blaze, qui fait correctement son boulot, par contre j'ai toujours autant de mal avec des...
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le 24 août 2015
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3 ans après la sortie de The X Factor et quelques tournées mondiales au succès … relatif on va dire, Iron Maiden renouvelle donc l’expérience avec le même line-up, et nous propose ici son deuxième essai.
Et comme pour masquer l’échec de l’album précédent, le groupe se met là à développer une thématique plus propre à leur époque, à savoir les nouvelles technologies, par les jeux-vidéos notamment, et cette frontière assez ambiguë entre monde réel et monde virtuel … (D’ailleurs, le groupe se servira de cette thématique amorcée ici pour sortir un an plus tard le tout premier jeu vidéoludique estampillé Maiden : Ed Hunter)
… thématique, compilée à une autre plus surprenante, celle du football. Steve Harris, grand fan de ballon rond, ancien espoir et supporteur fervent du club londonien de West Ham, se servira de surcroît de cette année 1998, année de coupe du monde, pour l’y inclure, en guise de clin d’œil.
D’ailleurs, le nom et la pochette de l’album s’en tiennent à ces deux références. Virtual, pour « virtuel » et tout ce qui se rapporte donc aux jeux-vidéos, et XI « eleven », comme le nombre de joueurs que composent une équipe de football sur un terrain. Particulier, mais original. Et c’est encore plus savoureux pour ceux qui comme moi, possèdent la version physique de l’album car dans le livret, on peut voir les gars de Maiden poser avec quelques footballeurs illustres de cette époque là, comme Paul Gascoigne (manifestement amusé de participer à cette petite fête, lui qui devait très certainement toujours décuver de la veille), Marc Overmars, Ian Wright ou encore notre Patrick Viera national, bien calé entre les chevelures soyeuses de Dave Murray et Janick Gers. Improbable, et évidemment épique. Deux mondes qui se rencontrent.
Et niveau musique, ça donne quoi du coup ?
Franchement, on va pas se mentir, c’est mieux. C’est mieux, même si y a encore pleins de choses qui ne vont pas.
En fait, globalement, les morceaux sont bons et plutôt inspirés, surtout sur la première moitié du disque, mais surtout, ils retrouvent du dynamisme et de l’énergie (du moins, de façade), caractéristiques qui étaient quasiment absentes sur le X Factor, et qui rendait ce dernier terriblement soporifique. Là, ça bouge enfin un peu plus, le groupe ici semble enfin s’être rappelé qu’ils faisaient avant tout du heavy-metal. Et oui.
De façade, parce que même si les morceaux ont ces caractéristiques de morceaux énergiques, la production, elle, ne joue pas en leur faveur, les guitares manquent de présence, la batterie de Nicko McBrain semble beaucoup trop sage, et, à l’instar de l’album précédent, la voix de Blaze ne porte pas l’ensemble, toujours en retrait, elle ne se démarque pas vraiment. Et c’est dommage.
Futureal ouvre le disque. C’est un morceau très court (à peine 3 minutes), qui va à l’essentiel, très énergique, taillé pour faire un bon single (et franchement il l’est!), le refrain est très mélodique (comme l’ensemble de la chanson), en bref c’est un titre qui met tout le monde d’accord en live, même les plus réticents le reconnaissent (surtout la version avec Bruce Dickinson au chant de la tournée ‘99 et qui en terme de patate, n’a rien à envier aux autres classiques du genre).
The Angel And The Gambler, la piste suivante. Hmm, et oui, c’est une chanson qui divise. Certains la trouve molle, pas inspirée, trop longue (c’est surtout ce dernier argument qui revient), et c’est vrai qu’avec ses 9 minutes au compteur, étant donné l’identité du morceau, c’est à dire un morceau rock énergique qui emporte bien, 9 minutes, ça semblait peut-être un poil longuet.
Et puis t’en as d’autres comme moi, qu’il l’aime bien. C’est vrai qu’il est un peu long mais il accroche bien, j’aime bien le riff principal, le refrain également (il me fait penser un peu au morceau The Red And The Black de l’album Book Of Souls dans l’esprit) En bref, c’est pas non plus le chef d’œuvre absolu de leur discographie, c’est certain, mais c’est un morceau qui fait le boulot et qui s’écoute.
A l’évidence exception de cet ignoble pattern de clavier sur le riff d’introduction. Ignoble. Franchement Steve, là non, faute de goût, surtout en 1998, normalement, on fait plus ça. Non, vraiment.
On enchaîne avec Lightning Strikes Twice, qui selon moi, pourrait comme tant d’autres avant elle remplir cette fameuse catégorie de ces chansons de Maiden injustement mésestimées et placardisées. Ce petit bijou, ce « hidden gem » signé Murray/Harris possède véritablement l’une des introductions les plus envoûtantes de leur discographie, tout comme le tout premier couplet qui suit où Blaze Bayley semble réciter une complainte mystérieuse supportée par une succession d’arpèges un peu « magiques », ce morceau a un potentiel féerique et ésotérique très puissant, et qui, passé cette phase d’amorce élégante, enchaîne sur une rythmique plus puissante avec un super refrain et une belle succession de soli.
J’aime ce morceau. Et je pense que, repris par Bruce Dickinson en live, ça pourrait être exceptionnel. Allez hop Steve, Bruce, rajoutez-la dans la prochaine setlist, vous ferez des heureux, et l’injustice sera réparée.
Par la suite, on attaque à un autre gros morceau, et probablement le plus connu de cet album, c’est bien évidemment The Clansman. Parce que c’est surtout celui qui a traversé les âges et qui à l’instar d’un Sign Of The Cross, a continué à être joué en live les années qui ont suivies la sortie du disque. Et ces versions avec Dickinson au chant sont vraiment magnifiées.
Il faut dire que c’est un sacré client. Et c’est vrai que cette chanson là est véritablement faite pour être jouée dans ces conditions là. Le potentiel épique est évident.
Ça démarre avec un combo guitare/basse électro-acoustique accentué par cette mélodie un peu espiègle à la guitare lead avec ce petit « bend » bien placé qui la rend singulière, qui pose cette ambiance si particulière aux intros composée par Steve Harris, c’est sensiblement, à quelques exceptions près, toujours la même formule mais ça fonctionne à chaque fois, c’est dingue. Comme quoi des suites de notes simples, des mélodies simples … Le fameux « less is more » comme disent les anglophones ...
… S’en suit un riff faussement sautillant en ternaire, là où la guitare lead y conclut sa mélodie, et laisse la place libre à Blaze d’y placer son chant, un chant très bas, à peine perceptible, presque chuchoté, un peu énigmatique, pour finir par y élever la voix de façon plus claire, comme pour indiquer qu’un passage plus nerveux se prépare.
Donc, bim, là ça pète, le refrain, « FREEDOOOOOM !! » on l’a tous chanté en concert comme des débiles en levant le poing, l’autre main étant bien évidemment occupée à tenir sa bière.
C’est évidemment un super morceau, il y a de l’épique, du dynamisme, et des rebondissements, de belles mélodies … Il fait clairement l’unanimité. Des discours genre : « Ah ouais nan Virtual XI c’est vraiment un album tout moisi, sauf The Clansman, elle elle est cool » sont légions, révélateur de son statut un peu à part.
C’est presque un morceau qui aurait pu figurer sur Brave New World je trouve. Et même globalement, les morceaux sur ce Virtual XI ont des sonorités proches, pas surprenant quand on apprend qu’une partie des morceaux écrits et non utilisés sur cet album ont finit sur Brave New World justement (de mémoire, Blood Brothers, The Mercenary et Dreams Of Mirrors, dont Blaze réclamait sur ce dernier la paternité d’une partie des paroles).
La deuxième partie, on en vient, est un peu plus bancale.
Bien que When Two Worlds Collide et The Educated Fool soient plutôt deux morceaux de bonne facture (notamment une super intro et un bon refrain pour le premier), les deux derniers sont un peu plus bancales (Don’t Look To The Eyes Of A Stranger, la première partie est plutôt convaincante, mais les types ont complètement craqué sur le riff de la dernière section) voire pires, anecdotiques (Como Estais Amigos, les arpèges du début sont intéressants mais le reste du morceau est plat, et le solo est complètement insignifiant, Janick Gers nous a habitués à bien mieux).
En définitive, contrairement à ce que beaucoup clament, je ne trouve pas que Virtual XI soit un mauvais album, il est en tout cas selon moi bien meilleur que The X Factor, il s’écoute de façon beaucoup moins irritante, et je le trouve globalement plus inspiré malgré ses choix de productions pas des mieux choisis.
Tout comme le fait que je trouve que c’est un bon marche-pied vers ce qu’il adviendra deux ans plus tard avec le Brave New World, les morceaux ont ici, sur ce Virtual XI, une touche et une couleur que l’on retrouve - et pour le coup bien plus travaillée - sur le Brave New World, sur l’aspect mélodique et sur la dynamique des morceaux. On sent qu’ils sont issus des mêmes sessions, ou de sessions très rapprochées dans le temps.
Je pense également que si on avait eu sur cet album Bruce au chant, une meilleur production et un peu plus de patate et de conviction dans l’exécution, l’album aurait pu être excellent et aurait pu être bien plus apprécié par les fans, j’en suis persuadé.
A en juger par le rendu exceptionnel de Futureal et The Clansman joué en live par le line-up actuel, c’est la raison pour laquelle je « milite »(bon, militer, c’est un bien grand mot, c’est juste un souhait de fan en fin de compte) pour que plus de morceaux issus de cet album soient ajoutés aux setlists actuelles et futures, ils pourraient être sublimés, et ils méritent d’avoir cette seconde chance.
Créée
le 27 mars 2022
Critique lue 41 fois
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