Voici Eddy… par Alligator
Les chaussettes noires ne sont plus. Eddy Mitchell part en vadrouille, campagne solo. Le rock à Billy remuant, vif et un peu systématique se pare d'atours plus roses, plus doux et caressants. Peut-être est-ce la définition du yéyé? Un rock plus consensuel (je ne vois pas d'autre terme plus proche de "mainstream")? On sent en tout cas qu'Eddy veut se démarquer des Chaussettes : il reprend du Salvador, de l'Aznavour, du Trenet etc. Il se déguise en crooner et il faut avouer que les mélodies jazzy se marient fort bien avec sa voix roucoulante.
Pas encore l'Eddy sûr et maitre de son style, il se cherche mais déjà se démarque franchement de son image juste rock. L'artiste s'imprègne de la culture chansonnière française, tout en conservant celle du rock américain qui l'a formé.
J'aime beaucoup ce type. Il est très ouvert, intelligent, et dès ce premier album en solitaire, on sent que c'est la curiosité qui préside à sa volonté créatrice.
J'ai un peu plus de mal avec la première partie de l'album, plus en accord avec ses origines rock yéyé, rock à Billy qui ne me passionne pas vraiment. On y chante l'amour, les filles, ce qui préoccupe le quotidien du jeune loup des années 60, l'ado ne pense qu'à ça. Ça peut lasser à la longue, non? Si les rythmes et les harmonies varient un peu, les textes tournent un peu en rond sur les mêmes thèmes. Le pire est la simplicité benête de ces paroles, franchement niaises parfois.
Bref, un album pas abouti, mais encourageant. Le jeune Eddy cherche son chemin, peut mieux faire, présentant de bonnes dispositions.