En mars 2006, Vol. I de Hurt sortait sur le label Capital Records. Pour son premier essai sur major, le groupe californien qui officie dans un métal progressif, avait su agréablement, mélanger la puissance du grunge à celle des envolées lyriques et instrumentales de Tool. Suite à ce succès auprès du public comme des critiques, le groupe sort en fin d'année 2007 son 4ème album sobrement appelé Vol. II.
Il est une expression que bon nombre de groupes ayant eu un succès relatif lors de leur précédent opus, applique : il faut battre le fer pendant qu'il est encore chaud. C'est en tout cas, l'impression que me laisse cet album. Malgré un changement de producteur, Hurt a réussi à conserver toutes les qualités sonores du précédent opus, comme en témoignent les deux premiers morceaux. Le premier single Ten Ton Brick est à ce titre, un véritable hit en puissance, où les couplets saccadés, voir tribaux, laissent place à un refrain aux allures d'hymne.
L'influence de Tool est encore palpable – Abuse Of Sid, par exemple, où J. Loren Wince chante de la même façon que Maynard – mais pas uniquement. Nine Inch Nails (Aftermath et son piano tout droit sorti de The Fragile), mais surtout des éléments grunge et post-grunge ressortent des compositions du groupe. Malheureusement, la mayonnaise ne prend pas très bien, les riffs manquant cruellement d'originalité ; le début de Loded (et son chant à la Disturbed), ou bien le pré refrain de Talking To God en sont de très « bons » exemples. Et c'est sur ce point que l'album vacille. Le groupe a voulu rendre sa musique plus accessible, et y a perdu qualitativement, comme cela arrive souvent dans ce genre de cas. On se retrouve donc avec pas mal de morceaux moyens, voir mauvais. Talking To God est très « easy listening », On The Radio irritante, Assurance la ballade de trop.
C'est bien dommage, parce que lorsque le groupe met vraiment le paquet niveau arrangements, on se retrouve avec des morceaux splendides. Alone With The Sea est une ballade aquatique, où l'ajout de violons et surtout d'un banjo donne à la musique un air envoûtant et mélancolique ; la voix chaleureuse et triste de J. Loren Wince nous emmenant par delà les terres, au dessus d'un vaste océan. Simplement sublime. Un moment de magie que l'on ne retrouvera que trop peu parsemé sur l'album, à l'exception de l'alternatif et réussi, Et Al, et de la fin très 70's de Thank You For Listening.
On pouvait attendre beaucoup mieux de la part de ce groupe, qui possède toutes les qualités pour devenir grand. Malheureusement, la suite ne sera guère plus attrayante. Dommage, en poursuivant dans la lignée du style d'Alone With The Sea, il y avait matière à donner une plus grosse dimense à ce groupe passé aux oubliettes.
Note : le groupe a repris 6 anciennes compositions pour les introduire dans ce Vol. II, ceci explique peut-être le manque de richesses de certains titres.