Tout a été dit sur cet album de transition. Séquelle du premier et aventure dans ce qui sera le Soft très bientôt. Il ya ici des sons qu'on reverra très peu comme l'utilisation du piano de façon normale, la guitare acoustique qui disparaîtra ensuite etc... les manies apocalyptiques de Ratledge à l'orgue et la sublime interprétation chantée de l'alphabet par Wyatt qui prouve à quel point , chez un talentueux chanteur, la consommation excessive d'alcool , ne tue pas sa créativité.
Plus l'album avance plus il laisse derrière lui le Soft Machine du premier disque pour ouvrir les portes du futur. La fusion des styles et la maîtrise de l'ambition se fusionnent parfaitement pour créer le dernier grand disque de la machine molle. Les derniers relents de dadaïsme et de pataphysique souffrent à peine de l'absence de Kevin Ayers . (ce qui n'est pas peu dire) La machine est bien montée dans son dérèglement et bien huilée. C'est ce qui rend d'ailleurs cet album moins fascinant que le premier.
La finale légèrement cacophonique et légèrement interminable laisse présager le pire qui viendra rapidement.
Mais en attendant ne boudons pas notre plaisir il y a dans cette musique les derniers feux d'un grand groupe, les derniers chants de Wyatt, à l'exception de Moon in June, et le plaisir reste bien plus grand que les légères déceptions de l'album.
Quelques mois plus tard Kevin Ayers sortira son premier album solo. Ironiquement appelé Joy of a toy. Un chef d'œuvre qui laisse entrevoir ce qu'aurait pu être sa contribution phénoménale au Soft Machine II. Et l'on se dit heureusement qu'il quitta le groupe car son Joy of a toy ne serait peut-être pas né. Et c'est un bien plus grand album que le Soft II .
Les deux combinés avec le premier Soft machine sont certes les meilleurs albums du son de Canterbury. Ils allaient d'ailleurs inspirés toute une génération de musiciens.
Tel est l'héritage fabuleux laissé par ses pionniers fous pataphysiciens.