Rupture amoureuse
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Balancé sans prévenir, le neuvième album de la disjonctée Björk devrait en faire frémir plus d’un. On plaindra quand même ceux qui auraient oublié le talent, la grâce et l’univers magique de l’islandaise perchée (haut) qui a su faire du vagabondage fantasmagorique un éloge à la création musicale.
Vulnicura percute d’emblée dans sa tonalité classique. Des volutes de cordes, une voix qui navigue, radieuse, illuminée, « Stone Milket » ne fanfaronne jamais et privilégie son psychédélisme soyeux. La suite dansera sur le même fil, ténu, avec ses rythmiques électroniques discrètes accrochées à un plan de vol inconnu, incertain. Le son tourneboule, se floute et prétexte cette voix ensorceleuse pour nous sortir de la torpeur.
Le résultat est curieux (« Lion Song »), minimaliste (« History of Touches ») et ne s’interdit aucun détour cinématique comme sur ce « Black Lake » aux contours charbonneux, pétri d’un storytelling cafardeux. Oubliées les voltiges audacieuses que la chanteuse avait pu expérimenter sur son précédent album Biophilia (2011). Plus proche d’un Vespertine (2001), aux essences de Kate Bush assumées, l’apport de Arca et The Haxan Cloak brasse des enjeux esthétiques passionnants (« Family », « Mouth Mantra »). Certains s’agaceront de ces poses pouvant passer pour excessives (« Quicksand » et sa brutale finitude), mais c’est aussi sa signature inimitable.
En se jouant du crépuscule pour en extraire une lumière blafarde où peut surgir l’espoir, Björk s’amuse à nouveau de ses ambiguïtés, joue de son image, de son égo, de cette image pâle du feu sous la glace, de cette froide brûlure qu’elle apprivoise depuis ses débuts. Vulnicura, album qui ne joue pas la séduction, signe le vrai retour dans cet univers encore sauvage d’une authentique indomptée.
Créée
le 17 avr. 2015
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