Même si j'avais bien aimé Donda, je me sentais un peu... submergé par ce que j'écoutais. C'était dense et étrange à la fois, et il n'y avait pas cette accessibilité dans la bizarrerie qu'avaient la plupart des albums de Kanye West jusque là. J'y suis finalement peu revenu même si je sentais toujours sa patte. Si on ajoute à cela l'auto-censure qui rendait l'écoute assez désagréable, c'était encore plus bizarre. Ça me parlait moins que Life of Pablo, Watch the Throne ou My Beautiful Dark Twisted Fantasy pour citer des albums relativement récents. En dehors des polémiques quotidiennes sur Kanye West, je n'ai pas du tout compris ce qu'il avait fichu avec Donda 2 et j'ai trouvé la version que j'ai écouté (puisqu'avec lui il y a toujours plusieurs tracklists et mixages pour un même disque) vraiment pas terrible.
Ici je retrouve mes marques avec des productions soignées et cette approche un peu plus à l'ancienne pour l'artiste qui est devenu très controversé avec le temps. Et en même temps ça reste un son actuel ou au pire des cas intemporels. Ça ne fait pas tâche dans le paysage musical actuel.
C'est un album collaboratif avec Ty Dolla $ign mais pour être honnête c'est un artiste que j'ai toujours trouvé un peu transparent. Dans ce que j'ai pu écouter dans ma vie, il est surtout intervenu en tant qu'invité dans des featurings divers et variés sans jamais vraiment s'ancrer dans ma mémoire. J'ai vraiment eu l'impression d'avoir un pur album de Kanye West avec Ty Dolla $ign qui intervient souvent ainsi que d'autres invités, mais ce que je veux dire c'est qu'on sent un rapport de force entre les deux artistes. Ils ne sont pas à égalité sur l'album, il a moins d'espace et on a pas cet équilibre qu'on avait entre West et Jay-Z dans Watch the Throne. C'est ce qui fait que même s'il livre des refrains et des couplets tout à fait corrects, on retient quand même plus ceux de Kanye et des invités...
Je trouve l'album varié même si je ne suis pas fan du passage de North West qui me parait un peu forcé, il y a un peu tout ce que je pouvais aimer dans les albums de la décennie précédente de Kanye West, sans les aspects un peu plus irritants. On a même un pur côté old school avec Burn, un titre dansant avec Paid, l'album est quasiment construit comme un best of. Dès Stars j'ai retrouvé le côté un peu grandiloquent d'un Ultralight Beams, là où un Jail sur Donda avait une approche plus minimaliste. Il y a des titres très contemporains et énervés aussi comme Carnival où il en vient à s'auto-citer en samplant une partie de Hell of a Life par exemple. Ce n'était peut-être pas nécessaire de mentionner Taylor Swift dans le morceau cela dit, mais le type est irrécupérable à ce stade.
Il y a aussi l'ovni Beg Forgiveness où tous les potards sont à fond en permanence : des chœurs, des grosses basses, une voix poussée dans ses derniers retranchements et bourrée de filtres et une durée de 6 minutes qui contraste avec la plupart des autres morceaux de l'album qui ne sont pas très longs.
Good (Don't Die) fait déjà parler sur le net avec son interpolation d'I Feel Love de Donna Summer qui a été réalisée sans l'accord de ses ayants-droits, mais je dois bien avouer que le résultat n'est pas mal du tout. Ça m'a toujours impressionné de la part de Kanye West, cette capacité à sampler des choses très connues et d'en faire quand même quelque chose d'intéressant, de très bien l'intégrer au nouveau morceau.
Finalement, bien que le personnage public que représente Kanye West me gave de plus en plus et que les singles n'étaient pas particulièrement encourageants, mais tout le reste de l'album m'a beaucoup plu et à ma grande surprise le type a encore de la ressource musicalement.