Waka/Jawaka
7.7
Waka/Jawaka

Album de Frank Zappa (1972)

La sortie en 1969 de "Hot Rats", nous avait donné l'espoir d'autres albums du même acabit. Le remaniement quasi-complet de l'effectif des Mothers, malgré la présence de grands musiciens comme George Duke et Aynsley Dunbar ne répondit pas directement à nos attentes. Il aura finalement dû attendre 1972 pour que la sauce prenne à nouveau, mais l'attente en valait la peine, il enregistrera deux albums en même temps durant ces deux mois de convalescence en avril et mai 1972. Waka/Jawaka était cette pépite tant attendue, l'autre étant "The Grand Wazoo".


Terminée l'aventure Mothers, à partir d'ici ce seront des albums au nom de Frank Zappa, pas qu'il opère seul, ça non - ici, il est bien entouré de 16 musiciens, orchestre à géométrie variable - mais, vu que c'est lui qui dirige les musiciens, qui sont engagés en fonction de ses compositions, on ne peut plus parler d'un groupe.


On a de nouveau affaire à du jazz fusion, dans la continuité de "Hot Rats", auquel la pochette fait d'ailleurs directement référence. Dès l'entame, on est happé par la puissance du morceau "Big Swifty", les cuivres et la richesse de l'accompagnement musical de l'ensemble étant la différence essentielle par rapport à "Hot Rats", jugez plutôt : un trio de cuivres, un duo de saxophones, un quatuor de guitares. Les 17'23" qu'ils nous proposent sont du pur bonheur. On a d'abord une exposition du thème, des variations, des improvisations et des développements du thème. Cela commence directement sur les chapeaux de roues, cuivres et guitare entremêlés, Aynsley Dunbar s'en donnant à coeur joie, puis c'est au tour de George Duke de nous gratifier d'un superbe solo, et dire qu'on n'en est qu'à 3 minutes de musique ... la trompette de Sal Marquez, qui n'a ici rien à envier à un certain Miles, nous enchante ensuite, on assiste ainsi à des solos d'instruments les uns à la suite des autres, la guitare emmêlée à la trompette faisant des ravages, la basse surplombant l'ensemble ... C'est du petit lait ... à consommer sans modération ! Le morceau en serait presque trop court .... tout est au point et ce morceau nous donne une belle démonstration de la délicatesse et de la force des compositions de FZ.


Heureusement la suite est de même qualité : deux morceaux de 3-4 minutes percutent notre sensibilité de plein fouet : d'abord, le blues jazzy chanté "Your Mouth", puis "It Just Might Be a One-Shot Deal" chanson en deux parties, également chantée se terminant en une sorte de country aérien. Deux excellents intermèdes avant d'entamer la pièce-maîtresse "Waka/Jawaka", proprement dite.


On est reparti pour 11'17 de plaisir auditif, dans le même esprit que "Big Swifty". Là où sur ce morceau, tout tournait autour de la trompette de Sal Marquez, sur ce morceau , elle démarre chaleureusement au bout d'une minute, pour laisser la place assez rapidement à George Duke qui nous gratifie de 3 minutes d'envolées enivrantes ... avant que la guitare de Frank, toujours aussi efficace, puis le reste de l'ensemble, nous troublent à nouveau ... on a même droit à un petit solo de batterie d'Aynsley Dunbar avant de terminer avec l'ensemble sur cette superbe mélodie ...


C'est fou comme le temps a passé vite ... finalement un album trop court, mais tellement intense !

PiotrAakoun

Écrit par

Critique lue 360 fois

18
1

D'autres avis sur Waka/Jawaka

Waka/Jawaka
Billy98
9

Kawa Kawaja

C’est en fauteuil roulant que Franck Zappa retrouve les studios. Faut dire que, récemment, la vie lui a filé des torgnolles du genre physique. D’abord, ce fameux incendie dans une salle de concert...

le 26 juin 2020

9 j'aime

4

Waka/Jawaka
XavierChan
7

Critique de Waka/Jawaka par XavierChan

Comme son homologue Just Another Band From L.A, Waka/Jawaka étire son entrée. Plus écoutable que Billy The Mountain qui, entre nous, se fichait du monde sur près d'une demi-heure, Big Swifty convoque...

le 11 août 2020

2 j'aime

Waka/Jawaka
Raider55
7

Aussi déroutant que spectaculaire

Frank Zappa est un immense artiste. Immense autant qu'insaisissable. En témoignent les 2 morceaux longs de 18mn et 11mn : Big Swifty et Waka/Jawaka. 2 titres orchestrés comme de purs morceaux de...

le 28 sept. 2021

1 j'aime

Du même critique

Paris, Texas
PiotrAakoun
10

Critique de Paris, Texas par PiotrAakoun

Ce film représente quelque chose de très particulier pour moi ... je l'ai vu à sa sortie en salles en 1984 et il m'a directement interpellé, je n'avais que 22 ans à l'époque et je ne pense pas que...

le 25 janv. 2015

56 j'aime

20

Voyage au bout de l'enfer
PiotrAakoun
8

Critique de Voyage au bout de l'enfer par PiotrAakoun

Film très ancré dans son époque et surtout très américain dans sa conception, il présente à mes yeux autant de qualités que de défauts. Il peut autant plaire ou agacer pour les mêmes raisons. Le...

le 3 févr. 2013

48 j'aime

20

Barberousse
PiotrAakoun
9

Critique de Barberousse par PiotrAakoun

J'ai pris beaucoup de plaisir à revoir ce chef d'oeuvre de Kurosawa en tentant d'analyser tout ce qui m'a plu ... D'abord du point de vue esthétique, les cadrages sont par moments géniaux : à ras du...

le 3 mars 2013

41 j'aime

4