La première fois que j'ai entendu George Ezra c'était en Australie, en voiture, conduisant le long de la côte - et quelle meilleure BO pour un voyage comme celui-ci. J'ai d'abord pensé à un homme d'une quarantaine d'années, basané, chapeau de paille et chemise à carreaux, bref le gros cliché du gars du Sud profond américain qui aurait bien roulé sa bosse et abusé un peu trop de Southern Comfort.
Surprise, c'est un petit blondinet du Hertfordshire de 22 ans au visage poupin pâlot d'où sort ce coffre impressionnant et profond, qui nous revient d'un voyage en train à travers l'Europe.
Embarquez à bord de l'Ezra Express, bolide solide et moderne, fermez les yeux et laissez cette voix rauque vous réchauffer et insuffler en vous des émotions teintées de nostalgie et de modernité. Ezra modernise une folk parfois austère et rustique grâce à des sons urbains et entraînants (Cassy O', Da Vinci Riot Police) et fait de cet album une route que l'on emprunte allègrement, à mi-chemin entre la country, le folk et le blues.
Il dit avoir été complexé par sa voix grave dès l'école jusqu'à ce qu'un jour il découvre au dos d'un disque de Leadbelly, la phrase suivante: "Sa voix est tellement puissante que vous devez baisser le volume". Fort d'une orchestration riche mais imprégnée de modestie, Wanted On Voyage ne mérite d'être écouté qu'en montant le volume.