"Get behind me, Satan..."
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Oui, c'est vrai, je me suis juré de ne plus aller voir Marilyn Manson en live... La dernière fois, c'était en 2015 dans une petite salle bruxelloise. J'étais là parce que tout de même l'album The Pale Emperor était d'une incroyable beauté mélodique, bluesy comme jamais mis à part l'infâme Deep Six... seul morceau de cet album que l'artiste a interprété lors de ce concert, traînant péniblement sa bombonne d'oxygène sur le sol. J'eus furtivement l'impression d'avoir poussé les portes d'une maison de retraite sataniste où le pathos vire au pathétique. Soit. Je l'ai vu autrefois si exceptionnel que j'accepte avec regrets les ravages du temps qui marquent ses performances. Il n'empêche que l'annonce d'un nouvel album du Révérend Manson est toujours une nouvelle excitante! L'image d'abord... Manson nous a habitué de longue date à des mises en scènes de lui-même incarnant des personnages divers : Willy Wonka diabolique, antéchrist, crucifié, androgyne, empereur cadavérique, etc. Avec cet album, ce qui nous est proposé est une aquarelle réalisée par l'artiste lui-même ; un autoportrait sublime dont la noirceur semble cette fois davantage intériorisée. L'obscurité tout autour commence à littéralement dévorer ce visage dont les couleurs lui confèrent des airs de clown mélancolique post-apocalyptique. Le plus surprenant est que cette peinture semble représenter Manson plus fidèlement que les habituelles photographies retouchées. Peut-être même est-ce Brian Warner que nous découvrons ici...
L'ouverture de l'album est enthousiasmante : quelques bruits étranges auxquels l'artiste nous a habitués depuis ses débuts nous précipitant vers une explosion de rouge, de noir et de bleu. S'en suivent deux hymnes dont les mélodies vont vous hanter toute la journée. "We are sick, fucked up and complicated... We are Chaos, we can't be cured", chante Manson de façon lancinante. "We"? Parle-t-il de nous, les humains? Comme par son travail graphique, Marilyn Manson semble se dévoiler plus que jamais. Ce "nous" résonne comme s'il parlait de tous les monstres qui hantent son esprit et se transforme, d'ailleurs, en "je" le temps de chaque couplet : "Maybe I'm just a mystery". Déjà assommé par cet hymne entêtant, le Révérend nous achève avec, disons-le, le morceau le plus efficace de l'album : "Don't Chase the Dead" (dont le refrain possède par la scansion quelques faux airs de "Come as you are"...). Ok. Trois morceaux qui donnent l'envie d'un bon vieux headbanging et de s'écraser en sueur sur l'épaule anguleuse de votre voisin plus costaud que vous mais qui en sourira de bonheur. Et là se met à résonner un piano comme sorti d'un vieux "November Rain" déglingué. Manson se lance dans une mélodie d'un genre qui lui est inédit... "Paint You with my Love" est une très jolie ballade dans le genre "allumez tous vos briquets... ET FOUTEZ LE FEU, MOTHERFUCKERS!" Parce que non mais quand même, on n'est pas là pour se faire des papouilles non plus. S'enchaînent de jolis morceaux comme "Half-Way & One Step Forward", de plus obscurs tels que "Infinite Darkness" ou écorchés comme "Keep My Head Together", et quelques belles surprises encore.
Certes, ce n'est pas la claque d'Antichrist Superstar ou d'une beauté maléfique comme Holy Wood. Manson renoue davantage avec la période Mechanical Animals mais pour évoquer davantage, selon moi, ses démons intérieurs. Finalement, peut-être que l'image pathétique d'un Manson à l'agonie que j'ai perçue lors de ce concert à Bruxelles trouve-t-elle dans les paroles de "We are Chaos" une résonnance particulière : "Am I a man or a show?".
Créée
le 17 sept. 2020
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