Taille patron
Pete Seeger ça vous dit quelque chose ? Non ? Si cela peut vous rassurer, l’ami Springsteen n’en savait pas beaucoup plus avant de participer à un album hommage en 1997. L’occasion également de...
le 17 avr. 2015
2 j'aime
Après une plongée sombre et épurée dans les États-Unis en pleine guerre en Irak en 2005 avec l’acoustique « Devils & Dust », Bruce revient dès l’année suivante avec un projet totalement différent : un hommage à Pete Seeger, icône du folk et compagnon de route de Woody Guthrie. Ce projet a commencé à prendre naissance en 97, lorsque Bruce a participé avec d’autres artistes (Jackson Browne, Roger McGuinn…) à un hommage à Seeger sous forme d’album « Where all the flowers gone. The songs of Pete Seeger ». Ce double album ne m'avait pas totalement convaincu, peut-être un peu trop confus. Bien plus que musicien, Seeger a eu un rôle essentiel d’ethnomusicologue en oeuvrant à la reconnaissance de la tradition folklorique du continent nord-américain. Bruce a reconnu qu’il avait vraiment découvert Seeger quand il avait participé à ce projet. Il s’agit donc pour lui d’une plongée dans l’histoire politique et sociale de son pays (L’esclavage, la Grande Dépression, la lutte pour les droits civiques…). C’est un évènement car c’est le 1er album de Springsteen constitué intégralement de reprises.
C’est vrai qu’on aurait plus attendu Bruce dans un hommage à Johnny Cash, mais ça aurait été sans doute trop évident pour lui. Un album de reprises de rock’n’roll (« Springsteen plays Elvis » par exemple) n’aurait eu qu’un intérêt très limité puisqu’il a repris à nombreuses fois le King lors de ses concerts. La plongée dans le folk engagé lui a fait du bien car il réalise un album conscient de son époque mais aussi joyeux et énergique (et la tournée qui a suivi l’a été !). L’intérêt est ici de revisiter l’œuvre de Seger musicalement et politiquement en l’actualisant, montrer la modernité de ses vieilles chansons, parfois très vieilles et du message qu’elles transportent car elles étaient le témoin d’inégalités et de luttes qui sont toujours d’actualité. Et puis, pas question de jouer des versions poussiéreuses et empesées de ces morceaux, non, on joue à fond avec une section de cuivres étincelante qui amène une énergie monstre. Le projet a même fini par être approuvé par Seeger lui-même alors qu’au départ il s’était dit plutôt indifférent à l’album.
Cette œuvre a été enregistrée dans le ranch de Springsteen, à Colts Neck. Il a fallu seulement 3 sessions d’une journée chacune en 1997, 2005 et 2006. La grande réussite, c’est qu’on y sent autant de décontraction que de nerf et de fun. Certains titres sont plus réfléchis, plus profonds que d’autres comme par exemple "Shenandoah" avec un groupe de pros qui sait envoyer des parties de country rock bien enlevées quand c’est nécessaire mais sait aussi s’effacer pour laisser la place au Boss. Le légendaire « We shall overcome » ne peut bien sûr pas être pris à la légère et Bruce nous offre une version respectueuse de l’hymne engagé d’origine. Une chanson dont les origines sont très anciennes et dont le message a évolué au fil du temps, d’un message purement spirituel à la lutte des ouvriers pendant la crise des années 1930 pour finir par devenir une des grandes protest songs des années 60 dans la lutte pour les droits civiques (Joan Baez…). D’autres sont vraiment là pour le plaisir de s’amuser et faire chanter et danser le public à l’image de « Pay me my money down », encore joué en 2023 et qui fonctionne toujours à merveille, il avait enflammé tout le stade de France en 2013, et « Froggie went a-courtin’ » sont des vrais moments de joie qui offrent un contraste bienvenu avec les titres plus graves (« My Oklahoma Home », « Jacob’s ladder »…). Il injecte du rock’n’roll dans les morceaux folk traditionnels !
La tournée qui a suivi a entraîné Bruce et son « Seeger sessions band » en Amérique du nord et Europe lors d’une soixantaine de concerts enflammés (grands souvenirs de Bercy en 2006) et hyper festifs. Bruce y reprenait quelques anciens morceaux (mais pas tant que ça car au final, tous ne se prêtaient pas au traitement de la revisite country-folk rock). Il interprétait par contre la presque intégralité des « Seeger Sessions » (logique). Et le plus incroyable sur cette tournée, c’est que le public chantait encore bien plus fort les morceaux de cet album que les anciens, c’est vrai, parfois méconnaissables. En 2009, Bruce et Pete Seeger ont joué pour l’investiture de Barack Obama à la présidence « This land is your land », un symbole très fort et un grand moment d’émotion.
Créée
il y a 1 jour
Critique lue 3 fois
D'autres avis sur We Shall Overcome: The Seeger Sessions
Pete Seeger ça vous dit quelque chose ? Non ? Si cela peut vous rassurer, l’ami Springsteen n’en savait pas beaucoup plus avant de participer à un album hommage en 1997. L’occasion également de...
le 17 avr. 2015
2 j'aime
Après une plongée sombre et épurée dans les États-Unis en pleine guerre en Irak en 2005 avec l’acoustique « Devils & Dust », Bruce revient dès l’année suivante avec un projet totalement différent...
Par
il y a 1 jour
Du même critique
Parmi les grandes enquêtes criminelles non résolues, celle de Jack l’Eventreur à la fin du XIXe s, a marqué les mémoires jusqu’à aujourd’hui. Mais celle concernant le Zodiaque est aussi un véritable...
Par
le 29 oct. 2024
4 j'aime
Retrouver Louis en album ou en concert a un côté rassurant car on sait avec certitude qu’on va passer un bon moment. Les décennies passent et on le suit à chaque fois dans ses aventures, ici dans son...
Par
le 2 déc. 2024
3 j'aime
Cette série ne révolutionne pas les séries policières françaises mais elle est prenante et nous l'avons regardée en 2 soirées: le mari d'une femme, Isabelle, meurt carbonisé dans sa voiture après s'y...
Par
le 11 oct. 2024
3 j'aime