Weasels Ripped My Flesh par PiotrAakoun

13 septembre 2021

J'aurais toujours un rapport particulier avec ce disque, puisque c'est le premier album des Mothers of Invention que j'ai acheté en 1988, avec "Burnt Weeny Sandwich" ... et je dois bien avouer qu'à cette époque je n'ai pas compris grand chose de leur démarche, je trouvais ça tellement brouillon et mal ficelé. Comme je l'ai expliqué dans ma critique de l'album "Burnt Weeny Sandwich", je considère ce disque comme son pendant, comme l'autre face d'une même pièce de monnaie, ou le bras gauche du bras droit, Uncle Meat en étant le tronc.

On y retrouve une attirance :
- pour la liberté d'expression débridée (Didja Get Any Onya?),
- pour le blues séducteur (Directly from My Heart to You),
- pour les performances scéniques (Prelude to The afternoon of a Sexually Aroused Gas Mask),
- pour le mélange des genres musicaux (Toads of the Short Forest),
- pour la guitare wah-wah (Get a Little),
- pour les ambiances jazzy hyperboliques (The Eric Dolphy Memorial Barbecue),
- pour les recherches bruitistes (Dwarf Nebula Processional March & Dwarf Nebula),
- pour les mélodies accrocheuses (My Guitar Wants to Kill Your Mama),
- pour la continuité conceptuelle (Oh No),
- pour le jazz-rock fusionné (The Orange County Lumber Truck),
- pour le drone qui tue (Weasels Ripped My Flesh)

L'on assiste au même mélange bigarré que sur "Uncle Meat", et, si l'on assemble cet album avec "Burnt Weeny Sandwich", on obtient un second double-album qui n'a pas à rougir face à cet oncle.

20 décembre 2021

J'apprends en lisant le livre de Christophe Delbrouck, "Frank Zappa et les mères de l'invention" que ce disque a une histoire très particulière, qui explique son côté éclaté.

FZ voulait, au départ, publier une anthologie de 12 disques regroupant l'essentiel de ce que furent les Mothers of Invention, première formule. Pour différentes raisons, financières et stratégiques, le projet avorta. Frustré, il décida de taillader dans l'ensemble pour en proposer un montage très dur, violent, à l'image de la pochette.

Tout y est concentré de manière étourdissante, FZ souhaitant donner une impression de coupe grossière, de bandes tranchées à vif. Au final, le résultat, atypique, démontre toute l'insoumission dont étaient capables les Mothers.