C’est après avoir été tout retourné par Killer que j’ai enchaîné avec Welcome to my Nightmare, au projet différent du premier puisqu’ici Alice Cooper insuffle son univers théâtro-morbide au sein d’un concept-album racontant une histoire, à l’instar d’un Tommy des Who.
Welcome to My Nightmare est peut-être l’album le plus connu du bougre, avec Trash. Il fait office de mesure-étalon, une sorte de testament de son talent et sa créativité capable d’immerger l’auditeur dans un voyage envoûtant à travers son imagination tordue.
D’emblée, on est immergé dans un paysage sonore à la fois hypnotique et hanté. Welcome to my Nightmare, le morceau, pose les bases de l’album quand la voix distinctive du maquillé nous accueille dans son monde intriguant, nous ouvrant ainsi la porte de son cauchemar.
Le sel d’Alice Cooper parvient à mélanger habilement rock et théâtralité, ce qui deviendra la marque de fabrique du sieur, pour donner du corps et de la pertinence à sa narration à mi-chemin entre l’horreur et le gothique. Il y incorpore aussi des instruments inhabituels dans le genre, comme le piano dans Steven ou les cuivres dans le titre homonyme.
Différents types de musique, allant du hard rock à la ballade ajoutent de la variété à l’écoute, tout en restant cohérent avec le style et l’ambiance cités plus hauts. Le calme et doux Only Women Bleed (si l’on excepte son final) tranche avec les plus burnés Cold Ethyl et Black Widow, sans pour autant détonner avec la cohérence esthétique voulue par Alice. Même l’atypique Some Folks colle à l’ensemble.
Le majeure qualité de l’album est sa force conceptuelle. On ne retient pas un seul morceau, mais l’expérience dans sa globalité. Cooper emmène l’auditeur dans un voyage cauchemardesque (gentiment hein, c’est pas non plus Silencer ou Stalaggh), explorant des thèmes comme la peur (beaucoup), le désir (Black Widow), ou les tréfonds de l’âme humaine (Steven). Les paroles sont imprégnées de poésie burlesque et morbide, peignant une imagerie dérangeante et amusante à la fois, qui contribuent évidemment au plaisir auditif.
Même après des décennies, Welcome to My Nightmare reste parmi les trois meilleurs albums du fécond Alice Cooper, preuve de la légitimité de l’album pour asseoir et définir la créativité de ce dernier et son habilité, maintenant révolue, à proposer un hard rock moins conventionnel. Un album aussi plaisant qu’il est homogène dans sa qualité.