Je suis assez partagé sur le succès que rencontrent les Arctic Monkeys avec AM. Car ils le méritent certainement (assurément même). Pourtant, et ce n'est pas faute de les avoir suivi depuis le début (10 ans déjà) , rien à faire, j'en reviens toujours à ce premier opus, Whatever People Say I Am, That's What I'm Not (voilà, je l'ai écrit en entier; on dira juste Whatever les prochaines fois).
Donc Whatever est non seulement l'un des meilleurs premiers albums* mais aussi le meilleur** des kids de Sheffield.
Bref, voilà déjà 6 ans que les Strokes ont sorti le légendaire "This is It", les Libertines ont réussi à s'auto-détruire et comme tous les 6 mois depuis 1955, les plumes les plus éclairées annoncent musique-qui-fait-peur-comme-dans-zone-interdite"la mort du rock.
Bon, à partir de là, on connaît l'histoire: Le groupe est découvert sur Myspace (bien qu'ils aient eux-mêmes infirmé cette version ), les EP qui s'arrachent, les premiers concerts à guichets fermés.
Et en 2006, le comète Whatever est lancée; record des ventes et Mercury Prize (pour ceux qui ne connaissent pas, c'est un peu comme les NRJ Music Awards mais pour la musique) à la clé.
Alors,qu'a t-il de si bien cet album. Réponse: la classe.
Tout respire la classe: la voix d'Alex Turner, les arrangements, la pochette... Tellement classe que le batteur peut se permettre de s'afficher en jogging adidas H24.
On attaque fort avec The view from the afternoon, gros morceau rock qui pose les fondations de l'album suivi de l'irrésistible**I Bet You look good on the Dancefloor**: riff qui s'allonge au milieu des coups de boutoirs du batteur, voix qui se répondent, changements de rythmes... et on se souvient que l'essence même du Rock n'Roll, ce qui a fait son succès depuis les origines, c'est de proposer une musique parfaite pour danser.(Un peu plus loin, dancing shoes viendra nous le rappeler.)
Alex et sa bande pilonnent leur rock entre énergie, maîtrise (et talent, il faut quand même l'écrire) pendant les 6 premiers titres.
Puis, le premier moment de répit arrive (j'allais dire "enfin" mais en fait, non, car on aurait signé volontiers pour continuer): Riot Van:la voix d'Alex Turner quasiment a capella, 3 accords, le tempo qui ralentit singulièrement. MER-DE!! Même dans la sobriété, les mecs sont impeccables. Salauds de jeunes.
Même constat avec la sublime ballade Mardy Bum (les violons qui l'accompagne désormais en live sont superflus: Mardi Bum est parfaite comme elle est.)
Un peu plus loin, on croise When the sun goes down qui aborde le sujet délicat de la prostitution. On commence comme dans une ballade à la "riot van", puis au bout d'une minute, tout se met en branle, les guitares se réveillent, et nos pieds ressentent l'inexorable envie de danser avant que toute cette agitation ne s'évapore comme dans un mirage et que la chanson ne s'achève comme elle avait commencé.
On pourrait raisonnablement penser qu'il s'agit là du sommet de l'album.
Mais ces sales gosses nous ont réservé leur pépite à la toute fin: A Certain Romance.
Fausse piste: roulement de batterie, gros, gros riff de guitares énervées puis la porte semble s'ouvrir sur un autre monde où tout serait apaisé.On ferme les yeux et on se laisse bercer par cette ligne de basse, ces deux guitares qui se répondent pendant toute la traversée, cette voix désabusée. Arrivé à la moitié du voyage, on respire un bon coup, puis les instruments se réveillent comme dans un feu d'artifice. Master piece!