Cet album live est paru à l’origine en bonus de la réédition deluxe de « What’s going on » en 2001, à l’occasion du 30e anniversaire de cette immense œuvre qui reste un incontournable de la musique populaire, bien au-delà de toutes tentatives de classification sans grand intérêt. Marvin y abordait de nombreux sujets graves comme les inégalités, la guerre du Vietnam ou encore l’environnement. C’est un concert de 1972 au Kennedy Center de Washington, ville natale de Marvin. Bon, la prestation n’est pas un chef d’œuvre mais reste une performance historique. Plusieurs raisons peuvent expliquer l’impression un peu mitigée à l’écoute de ce live. A ce moment-là, Marvin se considère avant tout comme un musicien de studio, là où il peut expérimenter et recommencer autant de fois qu’il le veut. Il n’a pas donné de concert depuis plus de 4 ans, ça se sent, et ne se remet tours pas de la disparition de la chanteuse Tammi Terrell, une amie proche avec laquelle il enregistra plusieurs duos historiques dont « Ain’t no mountain high enough ».
Après avoir interprété un « Sixties medley » enchainant, entre autres, « I Heard It Through the Grapevine » à « Your Precious Love », il choisit d’interpréter l’intégralité de son album-culte en compagnie de quelques artisans des sessions en studio (The Funk Brothers), d’une section de cuivres et d’un ensemble de cordes. C’est une prestation imparfaite mais touchante : il ne respecte pas l’ordre des titres, ralentit profondément le tempo jusqu’à donner un sentiment de lenteur (voulue ou pas ?) sur les morceaux originaux bien plus rythmés, interrompt une interprétation pour la reprendre quelques instants plus tard (« Inner City Blues »), assume son trac, et dirige avec émotion ce que l’on pourrait considérer comme une répétition en public. C’est peut-être la limite de l a prestation marquée par quelques incidents (l’absence de « Mercy, Mercy Me (The Ecology) », conséquence d’un changement défectueux de la bande d’enregistrement) qui ternissent un petit peu l’ensemble et empêchent d’aller à la note maximale mais au final, un témoignage en public unique donc historique (il n’a jamais rejoué l’intégralité de « What’s going on »), au son parfaitement correct mais pas exceptionnel même retravaillé. Un artiste qui n’avait décidément pas d’équivalent et qui nous a quittés bien trop tôt.