Inutile de s'attarder sur la partie technique de cette délicieuse archive, on connaît le travail titanesque des restaurateurs assembleurs monteurs dédiés à la mémoire de Zappa, pour en extraire le vrai le plus pur. Car l'on sait que les fans (disciples pourquoi pas, puisque l'on parle souvent du Maître) attendent un haut degré de véracité dans la présentation d'un nouvel album extrait du Vault, aussi bien dans la chronologie des morceaux que dans le son.

Ce son si particulier, le son de l'Amérique libre et utopique, comme pour oublier les merdes à quelques heures d'avion.

On promit alors une soirée inoubliable, 5h de live au Whisky A Go Go rassemblées ici sur moins de 3h frénétiques et déjantées, où l'on redécouvre après tant d'années d'écoutes encore de nouvelles versions de King Kong, des pièces malines de Doo Woop, du jazz bruitiste dispensable mais amusant dites Whisky Improvisations, des morceaux qui ne marchent pas parce qu'on ne danse pas dessus. Comme souvent chez les Mothers of Invention, les spectateurs étaient libres de venir "comme ils sont", à poil même s'il le fallait.

Et pour un Zappa qui a mis 55 ans à sortir, le son est fantastique, chaque détail des très nombreux instruments et autres bruits sonnent à merveille ; c'est encore mieux qu'au premier rang. Les Doors y ont bâti une sale réputation là-bas, Zappa y mettra le cirque mais sans grosses vulgarités. Et dans l'audience, ça beugle, ça crie, ça chauffe, les filles semblent aimer. Tout le monde participe à sa guise, la participation du public, habituelle chez Zappa, est déjà plus qu'autorisée.

Alternance musclée entre pièces instrumentales expérimentales loin de l'acid rock d'alors et petits classiques sixties chantés (Plastic People, Hungry Freaks) côtoient la wah wah déjà bien excitée de Zappa (Hungry Freaks et son solo tranchant, coupant, le puissant The Whip qu'on retrouvera sur Meat Light, suivi par la bastonnade Whisky Chouflée (WTF!) entre autres). Bien-sûr, on y causera beaucoup, Zappa prenant le temps de présenter le projet à son audience d'alors et un peu partout pendant la soirée. Documentaire essentiel et musicalement brillant.

XavierChan
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le 22 juin 2024

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